Le régulateur suédois des jeux d’argent Spelinspektionen est au cœur des critiques pour ses décisions controversées, notamment l’augmentation des taxes sur les jeux en ligne. Il annonce également la fin de l’usage des cartes de crédit pour participer aux jeux en ligne. Cette mesure en vigueur à partir du 1er juillet 2024 peut nuire gravement à la réputation du régulateur et de la communauté des jeux en ligne en Suède. Parallèlement, une hausse de la taxe sur les jeux en ligne de 18 % à 22 % est prévue, ce qui doit augmenter les revenus fiscaux, mais aussi pousser des milliers de joueurs vers des sites non régulés. La Swedish Trade Association for Online Gambling (BOS) critique fortement ces changements. Selon elle, cela peut causer des effets négatifs substantiels pour le marché régulé et entraîner une augmentation des comportements de jeu problématiques.
Les casinos en ligne en Suède voient leur imposition augmenter de 18% à 22%
L’organisme régulateur Spelinspektionen est au centre des reproches pour ses choix discutables, y compris la hausse des impositions sur les jeux en ligne en Suède. Ce dernier va passer de 18% à 22% des revenus bruts des jeux. Cette hausse positionne le pays parmi les juridictions les plus coûteuses pour les opérateurs de casinos en ligne. Cette mesure fiscale est censée générer environ 47 millions d’euros de revenus supplémentaires chaque année. Toutefois, l’évaluation de cette augmentation fiscale est diversement perçue par les acteurs du secteur. Du côté des avantages, les recettes supplémentaires peuvent soutenir des initiatives publiques essentielles telles que l’éducation, la santé, et les infrastructures. Le gouvernement peut également utiliser ces fonds pour renforcer les programmes de prévention de la dépendance au jeu. Toutefois, l’efficacité de cet amendement dépend de la capacité du gouvernement à maintenir un équilibre entre fiscalité accrue et maintien d’un marché compétitif.
D’autre part, les experts du jeu en ligne soulignent les conséquences potentiellement néfastes de cette hausse des taxes. Un coût opérationnel plus élevé peut dissuader les nouveaux entrants sur le marché, réduisant ainsi la concurrence. Cela peut mener à une offre réduite et potentiellement à une diminution de la qualité des services proposés aux joueurs. De plus, les opérateurs existants peuvent être tentés de répercuter cette hausse fiscale sur les joueurs, par exemple en réduisant les taux de retour aux joueurs ou en augmentant les frais liés aux jeux.
En ce qui concerne le taux de canalisation, qui est déjà l’un des plus bas d’Europe à 77 %, cette augmentation fiscale peut aggraver le problème. Le taux de canalisation mesure le pourcentage de l’ensemble des jeux en ligne joués sur des sites licenciés par rapport aux sites non licenciés. Un taux bas suggère que beaucoup de joueurs se tournent vers des plateformes illégales ou non réglementées, souvent en raison de meilleures offres ou de moins de restrictions. Si les opérateurs licenciés deviennent moins compétitifs à cause de la hausse des taxes, ce taux peut encore diminuer, exacerbant les défis liés à la régulation et au contrôle du marché.
Pour contrer les jeux sur des plateformes non réglementées, le gouvernement met déjà en œuvre des mesures drastiques. Cela inclut le blocage de l’accès à des sites sans licence par les fournisseurs d’accès internet, la limitation de l’accès aux streamers de casino en direct jouant sur des sites non licenciés. A cela s’ajoute l’interdiction des transactions de jeux à l’étranger. Ces actions dénotent une volonté de renforcer le contrôle et la sécurité du marché des jeux en ligne. Mais elles peuvent se révéler insuffisantes si la hausse des taxes conduit à un marché moins régulé et plus clandestin.
Bien que l’augmentation des taxes sur les jeux en ligne puisse paraître avantageuse du point de vue des recettes fiscales, les implications plus larges peuvent compromettre les objectifs réglementaires et économiques. Un défi majeur pour le gouvernement est de naviguer entre l’augmentation des revenus et la préservation d’un marché sain et compétitif.
L’industrie du jeu en Suède alerte sur les risques de l’augmentation des taxes
L’augmentation proposée des taxes sur les jeux en ligne en Suède provoque une vive réaction parmi les acteurs de l’industrie, en particulier de la part de la Swedish Trade Association for Online Gambling (BOS). Cette association, qui représente les intérêts des opérateurs de jeux en ligne légaux, met en garde contre les conséquences potentiellement graves de cette mesure sur le secteur régulé et sur les consommateurs eux-mêmes. Selon Gustaf Hoffstedt, le secrétaire général de BOS, bien que l’objectif de cette hausse d’impôts soit d’augmenter les revenus de l’État, les effets collatéraux peuvent être beaucoup plus coûteux sur le plan social et économique. Hoffstedt avance que cette augmentation fiscale risque de pousser environ un millier de personnes vers des comportements de jeu problématique. Ces nouveaux cas de jeu problématiques, selon lui, peuvent être évités si l’augmentation n’est pas mise en œuvre.
Dans son analyse, la Swedish Trade Association for Online Gambling prédit que l’augmentation des taxes va conduire à une réduction significative de la part du marché des opérateurs de jeux licenciés. Cette baisse est estimée entre 1,2 % et 2,5 %. En chiffres absolus, cela représente une perte considérable de clients pour les opérateurs réglementés, qui seront probablement capturés par le marché noir et les opérateurs sans licence. Les jeux opérés par ces derniers ne sont pas soumis aux régulations strictes imposées aux licenciés, notamment en matière de protection des consommateurs et de pratiques de jeu responsable.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que les jeux sans licence ne fournissent souvent pas les mêmes niveaux de sécurité, de protection des données ou de garanties contre les pratiques de jeu déloyales. Les joueurs attirés par ces plateformes peuvent se retrouver exposés à des risques accrus. Il s’agit entre autres de la fraude pure et de l’exposition à des jeux potentiellement truqués ou manipulés. Le rapport de la Swedish Trade Association for Online Gambling estime que cela peut concerner entre 2 881 et 6 085 individus qui se tournent vers des plateformes sans licence.
Sur le plan des problèmes de jeu, le rapport prédit que l’augmentation des taxes peut avoir pour conséquence directe le développement de troubles liés au jeu chez 591 à 1 247 personnes. Ces chiffres ne sont pas anodins et soulignent la gravité des implications de telles politiques fiscales sur la santé publique. En plus des préoccupations sociales et sanitaires, les projections économiques associées à l’augmentation des taxes sont également source de débat. Selon le ministère des Finances, l’augmentation des recettes fiscales peut atteindre 539 millions de SEK annuellement. Cependant, une étude réalisée par Copenhagen Economics suggère que le chiffre réel peut être bien inférieur, entre 214 et 399 millions de SEK. Cette différence de projection met en lumière l’incertitude et le potentiel de surestimation des bénéfices économiques de la mesure.
Face à ces chiffres et analyses, Gustaf Hoffstedt exprimé un appel urgent au gouvernement suédois pour reconsidérer cette politique. Il suggère que l’administration prend en compte non seulement les revenus fiscaux à court terme, mais aussi les coûts à long terme associés aux impacts sur la santé publique et l’intégrité économique du marché des jeux d’argent. L’appel de Hoffstedt est sans équivoque : il est impératif de restructurer le cadre réglementaire des jeux en ligne. Cette mesure est nécessaire pour éviter une trajectoire potentiellement dangereuse qui risquerait de nuire considérablement à la population suédoise. Par ailleurs, cela empêcherait les opérateurs illégaux de prospérer, évitant ainsi la propagation de pratiques moins éthiques et moins sûres.
L’augmentation des taxes sur les jeux en ligne en Suède menace la société et favorise le jeu problématique
La société suédoise peut ne pas favoriser une politique qui augmente les coûts sociétaux et économiques, notamment en créant un environnement propice à l’augmentation du nombre de joueurs problématiques. Cette préoccupation est d’autant plus significative que la diminution de la compétitivité du marché réglementé des jeux peut non seulement favoriser l’émergence de ces joueurs, mais aussi les exposer à des opérateurs sans scrupules et non réglementés.
Le coût du jeu problématique en Suède, estimé à 11,5 milliards de SEK selon le rapport, reflète déjà un fardeau économique considérable pour la société. Si le nombre de joueurs problématiques vient à augmenter, ce coût peut escalader rapidement. Une telle situation peut entraîner des répercussions financières encore plus lourdes pour l’économie nationale et pour les services de santé et sociaux déjà sous pression.
Folkhälsomyndigheten, l’agence de santé publique suédoise, souligne l’impact humain de cette situation. Elle rapporte que 130 000 personnes en Suède vivent avec un proche qui souffre de problèmes de jeu. Cette réalité met en lumière non seulement l’ampleur du problème, mais aussi son étendue au sein des familles suédoises, affectant la vie quotidienne et le bien-être de nombreuses personnes.
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