La privatisation de la Française Des Jeux est au cœur d’un conflit au parlement français, conflit qui avait déjà poussé les sénateurs à s’opposer à cette mesure. Les partisans de cette privatisation voient l’opportunité pour l’État de revenir à son cœur de métier. Pour les parlementaires en désaccord avec ce projet de privatisation, l’État devrait rester maître de la FDJ, afin d’assurer la pérennité du fonctionnement responsable de cette institution performante.
Pour une libéralisation des jeux de hasard en France
La privatisation de la Française des Jeux fait polémique au parlement français depuis que le projet a été annoncé. D’un côté, on compte les partisans de cette privatisation comme Bruno le Maire, et de l’autre, un ensemble de députés de l’opposition et de la majorité qui n’en voient pas l’opportunité.
À l’origine de ce projet de privatisation, une conception particulière du travail de l’État. En fait, on estime avec Bruno Lemaire que le rôle de l’État n’est pas de vendre les jeux de gambling ou de hasard. C’est pour cela qu’il faudrait confier la FDJ à des opérateurs privés. C’était déjà dans les projets de Nicolas Sarkozy en 2014. Ce dernier envisageait une privatisation de la FDJ, avec cotation à la Bourse, et la réduction des parts de participation de l’État à 20 %. Pour Bruno Lemaire et ses partisans précisent qu’avec ces 20 % ajoutés aux 9,2 % détenus historiquement par les anciens combattants (dits les « Gueules cassées ») et le personnel de l’entreprise, l’État garde une présence marquée dans la gestion de la Française Des Jeux.
Aussi, arguent-ils, la France devrait s’aligner derrière les autres pays européens où le secteur des jeux de hasard est dominé par les opérateurs privés. Pour eux, la France devrait entrer davantage dans le bain, en poursuivant dans la voie du PMU, des casinotiers terrestres et des casinotiers numériques, tous propriétaires privés.
Du côté de la FDJ, il n’y a pas de problème. D’ailleurs, on affirme que cette privatisation ne va pas perturber les règles en vigueur relatives aux jeux de hasard en France. Pour eux, la loi est suffisamment rigoureuse sur ce plan.
Sur le plan financier, le groupe de Bruno Lemaire a un argument tout fait. Pour eux, le manque à gagner que causera cette privatisation est négligeable. Ils estiment ainsi que ce manque à gagner n’est pas pertinent, comparé à l’énorme redevance fiscale de la FDJ dans les caisses de l’État. On table là sur 3,3 milliards d’euros. De plus, la FDJ ne risque pas d’être pervertie ou détournée de ses principes, étant donné que les lois qui la gouvernent sont votées au parlement.
Une privatisation inopportune de l’avis de l’opposition
Mais cela est vite dit, car au niveau de l’opposition, cette privatisation de la Française Des Jeux ne fait pas sens. Pour le député du Parti Socialiste, Régis Juanico, il est inopportun de vouloir se séparer d’une entreprise aussi performante que la FDJ. Pour lui, l’État aurait mieux fait de réduire sa part à 51 %, afin de garder un meilleur contrôle sur la société. Cela aurait aussi permis d’apaiser les tensions au sein des parlementaires. Avec ce projet de privatisation, on est en droit de se demander si la France des Gilets Jaunes, peut se permettre de perdre une source de revenus, aussi « modeste » soit-elle.
L’opposition s’inquiète aussi du risque que représentera un opérateur privé aux commandes de la FDJ. En effet, avec le parlementaire Gilles Carrez, on sait que la conception managériale d’un entrepreneur ne sera jamais la même que celle d’un fonctionnaire d’État. C’est ainsi qu’ils pensent que le jeu devrait faire l’objet d’une attention particulière des autorités, et donc rester aux mains de l’État français. C’est d’ailleurs pour cela que 71 députés ont décidé de renforcer la loi sur la protection des mineurs contre les jeux de hasard. Leur proposition de loi sanctionne le vendeur incriminé à payer une amende salée de 7 500 euros. Ils estiment que c’est assez dissuasif pour amener les buralistes à contrôler l’identité des acheteurs pas nets.
Au sein du gouvernement, cette proposition de loi n’est pas appréciée par tout le monde. En effet, le ministre de l’Économie et ses collègues craignent plutôt qu’une telle loi fasse baisser la valeur de la FDJ à la vente.
Mais au-delà des joutes politiques, un sondage révèle que le public français accueille bien la nouvelle. 33 % de Français seraient intéressés par l’achat d’une ou de plusieurs actions dans la société.
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