Les jeux d’argent en soi sont comme une sorte de médecine. Se divertir de temps à autre peut être bénéfique. Cela dit, en abuser devient nocif. L’addiction au jeu représente un réel danger pour la santé des joueurs abusifs. En effet, depuis l’année dernière, le CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie de Villeurbanne recense 650 patients. Selon les dires du psychologue de Yann Calandras, la fréquentation a doublé depuis son arrivée au service. Hormis les addictions d’alcool (50 %), des substances illicites (25 %), les jeux lucratifs touchent les 10 % des patients. Ce dernier dénonce l’absence de politique ferme au regard de ce secteur.
Un suivi très rapproché de la part du CSAPA
Sous la direction de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie du Rhône (ANPAA 69), le ministère de la Santé via la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM] et l’Agence régionale de santé (ARS) s’investissent dans les démarches de ce centre d’aide. Compte tenu de la précarité financière des patients du centre, ce système leur offre donc les soins. La majorité de la patiente vient de leurs propres grés. Quant à d’autres, la famille les incite à se soigner. Selon le centre, rares sont les personnes qui nécessitent un suivi rapproché (Services pénitentiaires d’insertion et de probation ou SPIP). Par ailleurs, l’établissement reçoit des individus très variés (homme, femme, jeune…). Ils forment alors une sociologie du jeu. Certains sont addicts aux casinos ou aux paris, tandis que d’autres le sont au PMU et jeu de grattage.
Heureusement, le CSAPA dispose de solution pour soutenir ses patients souffrant de cognitions erronées. Une assistante sociale les prend en charge. Ceux-ci peuvent surmonter ses dettes insurmontables grâce à un plan de surendettement. En fait, ce système freine les taux d’intérêt des banques pour deux ans. Ce laps de temps permet à l’endetté de les rembourser. Cette méthode de remboursement amène le patient à se responsabiliser. Néanmoins, l’individu fournit 80 % du travail. Le centre d’aide est là pour l’accompagner et le conseiller.
L’ARJEL instaure également des procédures d’interdiction. Cela dit, elles ne fonctionnent que sur des sites de paris ou jeu réglementaire. Comme leurs validités durent 3 ans, ces normes exigent beaucoup pour le concerner. De plus, elles peuvent être prolongées en fonction de l’état du sujet. Des mesures de tutelles et de curatelles permettent aussi à une tierce personne de gérer les finances du joueur. Cependant, cela dépend de la personne. Pourtant, ces démarches sont insuffisantes. L’Autorité de régulation de jeux en ligne reconnaît son jugement partiel. Les sites du « darkweb » peuvent proliférer sans encombre.
La dépendance n’est jamais loin
La privatisation de la FDJ reste un problème majeur pour la santé des patients du centre, tant physiologique que psychologique. Bien que cette entreprise prône la droiture en lançant des messages préventifs, selon Yann Calandras, c’est de la réhabilitation. À tire d’exemple, le PMU se commercialise beaucoup (50 % de jetons, mails, relance…) tout en distribuant des dépliants « jouer responsable ». Toujours selon lui, l’addiction est une porte vers le suicide. Les patients se retrouvent souvent dans une impasse par rapport à leurs situations financières. Ainsi, c’est leur seule alternative.
Malgré cela, l’addiction aux jeux touche particulièrement le pouvoir public. L’ARS soutient financièrement le CSAPA depuis 2012. Son investissement pour les passionnés excessifs a été augmenté. Mais le psychologue suggère tout de même le positionnement de politique courageux et de ne pas céder à la pression de son entourage. Toutefois, le problème demeure entier en raison de l’expansion des réseaux de jeu en ligne. Monsieur Calandras explique le danger du virtuel. Leurs modèles économiques sont quelque peu aléatoires. Certes, c’est nettement plus rapide avec la dématérialisation de l’argent, mais irréfléchi. De plus, on peut observer chez les patients un « visionnage boulimique » (binge watching). Si les consommateurs ne souffrent pas de manque de sommeil ou de problème relationnel, d’autres sont plus enclins à l’addiction à proprement dite.
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