Un groupe d’une cinquantaine de parlementaires britanniques veut proposer une révision complète de la loi de 2005 sur les jeux d’argent et paris. La fin de la publicité sur télévision et en ligne est la mesure la plus remarquable de cette réforme. D’autres mesures comme le plafonnement des paris sur machines à sous, ou la fin des programmes VIP visent à mieux contrôler les entreprises du secteur et protéger les joueurs. Les représentants de l’industrie eux affirment faire des efforts réels d’autorégulation, et mettent en garde contre la croissance de marchés illégaux de paris et de jeux, à la suite de l’implémentation de mesures restrictives ou punitives.
Des mesures plus strictes pour encadrer la florissante industrie du jeu
En Grande-Bretagne, c’est un groupe bipartisan d’environ 50 parlementaires britanniques qui mènent l’offensive contre le jeu de hasard. Après avoir passé plus d’un an à regrouper des éléments relatifs aux externalités négatives du jeu d’argent sur la société, le groupe a rendu un rapport qui demande une révision importante des lois sur le jeu. La mesure la plus forte est la fin de la publicité pour les entreprises de paris et de jeux d’argent.
Carolyn Harris, membre du Labour, est à la tête du groupe, avec 2 autres parlementaires. Selon elle, les entreprises de l’industrie du pari et des jeux d’argent ont déjà démontré leur incapacité à s’autoréguler, et un changement urgent est nécessaire pour stopper les dégâts induits par le jeu dans les vies des gens. La crise sanitaire du nouveau coronavirus, avec le confinement, a permis une mise en relief plus forte du problème.
Iain Duncan Smith, parlementaire conservateur du groupe, affirme que l’industrie du jeu profite des personnes vulnérables qui parient plus qu’ils ne peuvent se permettre. Il ajoute qu’il n’est plus possible de laisser le pari en ligne évoluer avec une régulation si faible.
Diverses mesures sont proposées par le groupe pour mieux encadrer le jeu. Il s’agit d’une révision complète de la loi sur le jeu d’argent de 2005 proposée par le gouvernement travailliste de Tony Blair.
L’on peut citer :
- La fin de la publicité sur Internet ou à la télévision
- La fin des programmes VIP et autres promotions apparentées
- Un plafond de 2 pounds pour les paris sur machines à sous en ligne
- Des audits indépendants pour vérifier les capacités des joueurs
- Le contrôle du design des jeux d’argent
- Un nouveau médiateur pour les disputes entre opérateurs et joueurs.
Les programmes VIP particulièrement dans le viseur
En plus de la fin des publicités, la fin des programmes VIP fera certainement tache. La quasi-totalité des casinos en ligne possède des programmes VIP ou similaires pour encourager les joueurs en leur offrant des avantages proportionnels au volume des paris réalisés.
Le régulateur britannique – l’United Kingdom Gambling Commission – a proposé une mesure similaire : le contrôle des programmes VIP dont les membres ont une contribution importante au revenu des opérateurs de jeu en ligne. Ces programmes offrent des « cadeaux » aux joueurs qui ont perdu de grosses sommes : paris gratuits, ristournes sur paris perdus, ou des billets pour des matchs de football.
Selon les statistiques, 70 % des affaires où les opérateurs ont été épinglés pour avoir failli à leur obligation de prévenir les problèmes de jeux impliquent les programmes VIP. Mais les parlementaires remettent en question l’efficacité du régulateur, d’où l’idée de lui adjoindre un médiateur pour connaitre les litiges.
Le rapport va plus loin dans ses propositions. Il examine quelques fonctionnalités et types de jeux dont la structure même serait de nature à stimuler l’addiction ou les dépenses impulsives. Il s’agit de réduire la vitesse de rotation dans les tours des jeux comme la roulette en ligne, ou la fonctionnalité « Raté de justesse », qui induit implicitement au joueur qu’un essai supplémentaire serait victorieux.
Des mesures froidement accueillies par les opérateurs
L’industrie du jeu en Grande-Bretagne pèse 11 milliards de livres. Les mesures annoncées par le rapport parlementaire auront certainement un impact négatif sur les revenus des opérateurs. Il est donc naturel qu’elles soient reçues avec circonspection. Les propos de Kenny Alexander, président exécutif de GVC, la maison-mère de Ladbrokes Coral, traduisent ce sentiment. Selon lui, la conviction du lobby antijeu que des mesures punitives et restrictives va aider les joueurs à problèmes est erronée. Cela serait de nature à aggraver le problème en poussant ces joueurs vers les sites illégaux.
Brigitte Simmonds, responsable du Betting and Gaming Council – syndicat qui réunit l’essentiel des opérateurs du secteur – souligne quant à elle les efforts des entreprises de l’industrie pour adresser les problèmes de jeux. Elle signale par exemple que durant la période du confinement dû au coronavirus, les opérateurs ont mené des actions pour réduire les problèmes de jeu. Un porte-parole de l’organisation a déclaré qu’il ne faudrait pas pousser les joueurs vers les opérateurs off-shore ou le marché noir des paris, sachant que l’industrie des jeux en Grande-Bretagne produit 100 000 emplois et paie 3 milliards de taxes par an.
La publication de ce rapport a causé une baisse de plusieurs centaines de millions d’euros des titres de plusieurs entreprises du secteur.
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