Afin de protéger les publics sensibles d’une publicité insidieuse et outrancière sur les jeux de hasard, le régulateur français des jeux (ANJ) a incité les différents promoteurs à ralentir ou à réduire la fréquence de leurs actions marketing/publicitaires. L’ANJ s’est en effet rendu compte que les opérateurs n’accordaient pas suffisamment d’attention à cet aspect de leur activité et souhaite remettre les pendules à l’heure.
Une mesure visant à « blanchir » les jeux d’argent
L’ANJ, régulateur français des jeux, a ordonné aux opérateurs de réduire le marketing pour l’année en cours. Cet avertissement intervient après que l’autorité a examiné leurs différentes stratégies promotionnelles pour 2022, à l’issue duquel il s’est avéré que les opérateurs français n’en faisaient pas assez dans ce sens. L’examen des stratégies promotionnelles est intervenu peu de temps après que l’ANJ a annoncé une répression de la publicité par suite de ce qu’elle percevait comme une sursaturation en 2021.
Selon les nouvelles règles annoncées le mois dernier, toute publicité banalisant les jeux d’argent sera interdite, de même que celles qui contiennent des déclarations non fondées sur les chances de gagner, ou assimilant le jeu à un moyen d’améliorer son statut social, ou à une alternative au travail rémunéré. L’ANJ a également proposé un certain nombre de recommandations, en particulier une suggestion selon laquelle l’industrie devrait fixer une limite combinée de trois annonces de jeux d’argent par créneau publicitaire à la télévision et à la radio, et de trois par jour, par site en ligne. Selon les propos de l’ANJ, l’examen des stratégies était basé sur les règles et les recommandations qui avaient été adoptées un mois auparavant.
La protection des publics vulnérables en ligne de mire
Les nouvelles conditions fixées par l’ANJ aux opérateurs sont conformes aux orientations et recommandations qu’elle a adoptées le 17 février dernier. Elles constituent une première illustration de sa volonté de réduire le marché publicitaire par les jeux d’argent, afin de mieux protéger les publics vulnérables et les mineurs. Le régulateur a notamment rejeté la stratégie de l’opérateur de paris sportifs Winamax, affirmant qu’elle comportait un ciblage excessif des jeunes adultes, ce qui représente un risque réel de jeu pour mineurs. Mais aussi une stimulation quasi permanente des joueurs.
Le régulateur a également noté que Winamax proposait d’augmenter la fréquence des annonces à partir de 2021, alors qu’il affichait déjà un niveau d’annonces très élevé. La conjonction de ces risques, couplée à l’absence de mesures de prévention et de protection suffisantes du public ont contraint l’ANJ à rejeter la stratégie de Winamax. Toutes les autres stratégies ont été approuvées, mais l’ANJ a déclaré avoir ajouté des conditions supplémentaires strictes pour un certain nombre de stratégies.
Un accent particulier sur les opérateurs en situation de monopole
L’ANJ a en outre fait part de ses inquiétudes quant au fait que les opérateurs prévoyaient d’augmenter leurs budgets publicitaires de 7 % à partir de 2021, malgré l’avertissement du régulateur sur la fréquence des publicités au cours de cette année. Cet avertissement tenait du fait qu’il y avait déjà un certain nombre de campagnes à grande échelle axées sur la coupe du monde 2022. L’ANJ a par ailleurs prévenu contre une mobilisation systématique des leviers du marketing numérique, avec un accent particulier sur les plateformes de médias sociaux telles que TikTok, Snapchat, Twitch et Instagram, particulièrement populaires auprès des jeunes et des jeunes adultes.
Une attention non moins particulière a été accordée aux stratégies soumises par La Française des Jeux (FDJ), opérateur de loterie, et le Pari Mutuel Urbain (PMU), qui détient le monopole des courses hippiques. Il est à noter que le monopole signifie que les stratégies de marketing de l’opérateur doivent rester mesurées et limitées à ce qui est nécessaire pour canaliser la demande de jeu vers l’offre légale. C’est la raison pour laquelle dans sa revue marketing de 2021, l’ANJ s’est focalisée sur les deux opérateurs détenteurs du monopole, affirmant avoir de sérieuses inquiétudes quant à leurs pratiques publicitaires.
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