Le rapport de la commission des jeux de hasard révèle que la plupart des Belges qui ont suivi le programme EPIS sont satisfaits des résultats. La présidente de la commission Magali Clavie s’en félicite, mais rappelle néanmoins l’urgence d’élargir le champ d’application du programme pour davantage d’efficacité.
La majorité des joueurs sont satisfaits du système d’auto exclusion EPIS
La majorité des joueurs belges sont satisfaits de l’apport d’EPIS (Excluded Persons Information System). Ce dernier est un système d’auto-exclusion mis en place par les autorités belges pour limiter les dommages liés au jeu de hasard. C’est une enquête de la Commission belge des jeux de hasard qui a permis de faire ce constat positif. 275 personnes, pour l’essentiel des joueurs, ont été interrogées dans le cadre de cette enquête. Il était question pour la Commission belge des jeux de hasard de mesurer l’efficacité d’EPIS.
De manière générale, les résultats de l’enquête ont démontré que la majorité des répondants qui utilisent le système d’EPIS sont satisfaits. En effet, c’est pratiquement 90,2 % des 275 personnes interrogées qui ont exprimé leur félicité après l’utilisation de ce système. Parmi les bienfaits que leur a apportés EPIS, tous désignent la meilleure gestion de leurs finances comme l’un de ses principaux apports ; ensuite vient l’amélioration dans les relations avec les membres de leurs familles. D’aucuns ont avancé comme apport de l’EPIS, la réduction de leur envie de jouer (80,1%), ou encore l’épanouissement de soi et le bien-être (87,1 %).
L’un des principaux avantages d’EPIS, tel que l’ont déclaré les joueurs c’est la facilité de sa procédure d’inscription, et la simplicité de son usage. La présidente de la commission des jeux de hasard, Magali Clavie s’est félicitée de l’efficacité manifeste d’EPIS contre la dépendance au jeu. Ce résultat brillant ne saurait cependant empêcher de reconnaitre certaines limites qu’a présentées EPIS.
EPIS doit étendre son champ d’application pour optimiser son efficacité auprès des joueurs.
L’enquête de la commission de jeux de hasard n’a pas révélé que des résultats positifs. En marge des répondants qui affichent les résultats positifs d’EPIS, environ un quart des joueurs interrogés ont affirmé avoir continué le jeu bien que cela leur était interdit. 25,7 % d’entre eux ont déclaré avoir joué avec en utilisant des machines à sous dans les cafés ; 31 % jouent avec les produits de la Loterie nationale, 24 % continuent de jouer via ses produits en ligne. Enfin, 33,8 % des joueurs interrogés ont reconnu avoir joué via le marché noir.
La présidente de commission des jeux de hasard déclare que le programme d’EPIS devrait poursuivre son expansion jusqu’à la couverture des jeux de hasard sans licence. Elle dresse un constat de la situation et reconnait que, du fait de l’offre et la tentation des jeux de hasard non couverts par EPIS, certains joueurs continuent de jouer dans des endroits où le programme ne s’applique pas. À côté de cela, encore trop peu de joueurs recherchent vraiment des aides spécialisées. Magalie Clavie soutient que le programme devrait s’étendre davantage et englober tous les types de jeux d’argent. Elle rajoute encore que la publicité devrait faire l’objet de restrictions si elle s’adresse aux joueurs qui utilisent EPIS. Il est nécessaire, voire même indispensable de sensibiliser les joueurs sur la disponibilité d’une aide spécialisée.
Il faut réduire l’importance du marketing direct auprès des joueurs
Renforcer les restrictions à la publicité, c’est l’une des recommandations fortes de la commission des jeux de hasard par l’intermédiaire de sa présidente. L’organisme soutient que la publicité des jeux de hasard doit de moins en moins viser les groupes vulnérables, notamment les joueurs à problèmes et les jeunes ; et par-dessus tout, limiter le volume global de la publicité.
65,8 % des personnes interrogées dans l’enquête ont déclaré avoir reçu des offres de marketing direct. Parmi ceux-ci, 70,2 % ont reçu des offres marketing par e-mail et 62,4 % ont reçu des publicités via les réseaux sociaux. 72 % des répondants étaient des hommes dont l’âge moyen était de 40 ans. La simplicité du processus d’inscription a également été un catalyseur qui a facilité l’inscription des répondants au processus d’auto-exclusion.
Au-delà de la simplicité du processus d’inscription, parmi les raisons qui ont particulièrement suscité la participation des répondants au programme, il faut noter les problèmes relationnels cités par 7 % de répondants. Tandis que 27 % ont évoqué des problèmes d’argent. Et enfin, 20 % ont noté des problèmes psychologiques. Toutefois, les résultats de l’enquête de la commission ont permis de démontrer deux principales raisons pour lesquelles les joueurs s’inscrivent au programme d’EPIS, pour certains c’est dans le cadre d’un règlement de dette (74 570 personnes), et pour d’autres c’est par contrainte des forces de l’ordre (53 270 personnes). En marge de ces deux catégories, une troisième constituée de personnes qui se sont auto-exclus volontairement (42 387 personnes).
EPIS reste encore sous-utilisé face au nombre croissant de victimes de dépendance au jeu en Belgique
Peu de Belges souffrants de dépendance au jeu utilisent le système d’auto-exclusion EPIS. C’est du moins ce qu’a révélé le rapport de la commission. Les recommandations pour y remédier vont dans le sens d’une sensibilisation auprès des joueurs, et des populations cibles, sur l’existence du programme et sur ses apports. Une publication dans les sites web et pages des concessionnaires de jeux. L’idée étant d’optimiser la connaissance du système par le plus grand nombre, afin que les concernés, par une utilisation hâtive du programme, anticipent sur le développement d’une dépendance. Au-delà donc d’avoir un effet curatif sur les victimes des méfaits du jeu, EPIS a également effet préventif.
La vulgarisation de la connaissance d’EPIS auprès de la population générale est un objectif cardinal pour le régulateur belge. Sur ce, il recommande de prescrire aux opérateurs de jeux de hasard, l’obligation de dynamiser la visibilité d’EPIS sur leurs sites web afin d’atteindre et de garantir cet objectif.
Poursuivant sa lutte contre les joueurs à problèmes, le gouvernement belge a imposé à l’industrie du jeu d’argent une limite de perte hebdomadaire de 200 € par joueur. Bien que cette mesure, initialement prévue pour s’appliquer à tous les opérateurs, ait échoué, la limite reste tout de même applicable par site. De surcroit, sous certaines conditions, les joueurs peuvent demander une rallonge de leur limite ; pour cela, il faut ne pas être inscrit auprès de la centrale des crédits aux particuliers de la Banque Nationale comme étant défaillant.
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