Se basant sur les résultats de sa dernière étude, l’Ordre des Psychiatres Irlandais a appelé à l’interdiction des publicités sur les jeux de hasard en 2021. Il préconise par ailleurs une marche à suivre pour réguler le secteur du jeu en Irlande.
Le manque de données, un frein pour les recherches
Mis sur pied en 2009, le Collège des Psychiatres irlandais a pour mission d’assurer la pérennité de la pratique psychiatrique et la santé mentale en République d’Irlande. En fin d’année 2020, avec les fêtes, le confinement en cours et les difficultés financières qui secouent le pays, la faculté de Psychiatrie et toxicomanies du Collège a publié un rapport fouillé, sur les conséquences des jeux de hasard.
Dans ce rapport, le Collège a évoqué un problème on ne peut plus important. Il s’agit ici du manque d’informations relatives à la prévalence du jeu et des comportements addictifs des Irlandais. Les chercheurs irlandais estiment que leurs confrères américains et européens sont plus aisés dans le domaine, car ils disposent de plusieurs études sur lesquelles se baser pour résoudre le problème de la dépendance au jeu, ce qui n’est pas le cas de l’Irlande.
Néanmoins, l’Ordre des psychiatres irlandais a statué sur deux éléments essentiels comme canevas de l’étude. Notamment le manque de recherche sur le jeu et ses troubles sur la population irlandaise et le manque de services dédiés au traitement des troubles dus aux jeux dans les services irlandais de santé mentale et/ou de toxicomanie.
Le Collège et en particulier l’auteur principal du rapport, le professeur Colin O’Gara a émis une préoccupation majeure, le volume élevé de marques de casinos et de paris à la merci du jeune public et des personnes à risque dans les médias de grande audience en Irlande. Le professeur O’Gara estime par ailleurs qu’ils ne peuvent pas continuer à ignorer la liaison qui existe entre le jeu problématique et la quantité énorme de publicités sur les paris. Tant dans les publicités télévisées traditionnelles, les maillots d’équipes que sur les bannières latérales. Les paris, poursuit-il, sont devenus étroitement liés à la jouissance du sport. Il finit par décrier le fait que le jeu est normalisé comme un comportement.
À partir du manque d’informations sur le comportement compulsif de certains membres à risque de la communauté des parieurs, jumelé à un accès relativement facile aux sites de jeux et la récurrence des publicités sur les jeux d’argent et de hasard, l’Ordre a décidé d’interdire purement et simplement les publicités sur les jeux d’argent pendant les événements sportifs en 2021.
Les 5 piliers du jeu en Irlande
Le Collège des Psychiatres a donc décidé de mettre sur pied cinq résolutions clés, qui permettront selon lui, de garantir la fiabilité des jeux de hasard en Irlande.
- Premièrement, les publicités relatives aux jeux d’argent seront rigoureusement contrôlées et ne devraient pas être commercialisées directement auprès des enfants ou en relation avec un quelconque événement sportif en direct.
- Deuxièmement, la législation sur le contrôle du jeu, The Gambling Control Bill datant de 2013, doit être promulguée prioritairement. Devraient aussi être établis, une autorité réglementaire et des sources de financement connexes.
- Troisièmement, l’éducation sur les troubles occasionnés par le jeu doit être dispensée dans les espaces publics et professionnels par l’entremise d’une collaboration multi-agences. Ceci dans le but de réduire les effets de stigmatisations et mettre en évidence les dangers potentiels à long terme du jeu.
- Quatrièmement, les services de traitement doivent voir le jour. Ces derniers devront davantage mettre l’accent sur les interventions précoces, les voies d’orientations claires et la connaissance des soutiens sociaux locaux et nationaux intégrés.
- Et enfin cinquièmement, la recherche devrait être financée et conduite sur l’ensemble du territoire irlandais pour approfondir la compréhension des troubles du jeu et dégager des traitements efficaces.
Les experts ayant établi ce rapport pensent que ces mesures aideront les professionnels et le grand public à reconnaitre facilement les comportements problématiques, à évaluer l’existence réelle d’un problème, enfin à définir des lignes directrices sur la marche à suivre pour un traitement efficace.
Le rapport dans son entièreté couvre des informations remarquablement intéressantes sur les études à l’échelle mondiale, l’éducation publique, les modalités de formation et même les programmes relatifs au financement. Toutes ces informations sont disponibles sur le site officiel du Collège des Psychiatres d’Irlande.
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