La perspective d’une interdiction de toute publicité en rapport avec les jeux de hasard crée des remous au sein de l’industrie de courses de lévriers en Nouvelle-Galles-du-Sud. Les acteurs du secteur estiment en effet que l’application d’une telle décision serait fortement préjudiciable à l’ensemble de l’industrie, tandis que les organismes de protection des animaux sont persuadés qu’il s’agit pour celle-ci d’un stratagème visant à se débarrasser de ses obligations sociales. Entre les deux tendances, les autorités se retrouvent confrontées à une véritable pression.
De fâcheuses conséquences à grande échelle en perspective selon les acteurs de l’industrie
L’industrie des courses de lévriers de Nouvelle-Galles du Sud exhorte ses membres à faire pression sur les ministres fédéraux pour qu’ils renoncent à l’interdiction de la publicité sur les jeux de hasard, arguant que cette décision se ressentirait malheureusement sur les chiens en plus d’entraîner la fermeture des programmes de protection des animaux. Le gouvernement fédéral examine les recommandations d’une enquête parlementaire sur les jeux d’argent en ligne demandant l’interdiction immédiate des incitations en ligne avant une interdiction totale de la publicité dans trois ans. L’enquête a révélé qu’en dépit des 30 millions de dollars octroyés par le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud, les blessures et les décès liés aux courses de lévriers ne cessent d’augmenter.
Un e-mail de Greyhound Racing New South Wales (GRNSW) indique que toute interdiction des promotions de jeux d’argent décimerait l’industrie, car les courses sont financées par les taxes de l’État sur les paris. L’organisme va plus loin en affirmant que cela entraînerait des conséquences dévastatrices et irréversibles pour ce sport, pour chaque chien, pour chaque personne qui y participe, pour chaque club, chaque piste ainsi que toutes les villes et villages de Nouvelle-Galles du Sud où les courses de lévriers constituent le sport local.
Toujours selon la lettre de GRNSW, une interdiction des incitations au jeu enlèverait plus de 20 millions de dollars par an à l’industrie des courses de lévriers de Nouvelle-Galles du Sud. Lorsqu’il a été contacté pour commentaires, GRNSW a déclaré que ce chiffre était venu après des conversations avec ses partenaires de paris. La lettre indique par ailleurs que l’interdiction engloutirait tous les programmes d’aide sociale, l’ensemble du Greyhound Adoption Program, ainsi que tous les programmes de sécurité réunis. Le nombre de lévriers blessés ou tués sur les hippodromes de Nouvelle-Galles du Sud a connu une hausse l’année dernière, un rapport du régulateur de l’industrie révélant que l’hiver dernier a été le pire jamais enregistré pour ce sport depuis 2018.
Un subterfuge pour éviter toute reddition de comptes selon la coalition pour la protection des lévriers
Le régulateur de l’état a découvert que 67 chiens avaient subi des blessures catastrophiques et majeures entre juillet et septembre 2022. Parmi eux, 19 n’ont pas survécu ; au total, il y a eu 939 blessures dans toutes les catégories, ce qui représente des blessures pour 21% des chiens ayant couru au cours des trois mois. Kylie Field, porte-parole de la coalition pour la protection des lévriers, a déclaré qu’il était absurde de prétendre que les lévriers pourraient souffrir si les publicités pour les jeux d’argent étaient interdites. À en croire ces propos, des menaces similaires sont proférées chaque fois que l’industrie est appelée à rendre des comptes. Selon elle, la seule façon d’améliorer le bien-être animal est d’éliminer progressivement les courses de lévriers.
Kylie Field a poursuivi en affirmant qu’escroquer les joueurs problématiques est totalement inacceptable pour la plupart des Australiens ; en cherchant à exempter les courses de lévriers des recommandations de l’enquête sur les jeux de hasard, l’industrie des courses de chiens montre son vrai visage, à savoir qu’elle n’est intéressée que par l’argent. La lettre du GRNSW encourageait les gens à envoyer leurs préoccupations par courrier électronique à la ministre des Communications, Michelle Rowland, à la ministre des Services sociaux, Amanda Rishworth et à la ministre des Sports, Anika Wells. Les trois ministres ont été contactés pour commentaires.
Rob Macaulay, directeur général du GRNSW, a déclaré que son organisation avait discuté de ses préoccupations avec le gouvernement fédéral. Il a déclaré qu’il s’agissait d’un problème énorme pour la Nouvelle-Galles du Sud dans une période de difficultés économiques. Selon ses termes, il y a eu de bonnes discussions initiales avec le gouvernement et le GRNSW assure sa coopération afin de trouver le bon équilibre. En outre, la Nouvelle-Galles du Sud n’envisage pas de réexaminer la décision d’autoriser une technique d’élevage qualifiée d’inhumaine. Pour Rob Macaulay, toute interdiction des incitations au jeu affecterait également l’avenir des courses de lévriers à Victoria ; bien qu’il soit convaincu que ce n’est pas ce que souhaite le gouvernement fédéral, le directeur général du GRNSW assure que ce sera le résultat.
Le gouvernement en proie à de fortes pressions tous azimuts
Kylie Field quant à elle s’est opposée à ce que l’industrie des lévriers soit exclue de toute interdiction de publicité, citant la force des préoccupations de la communauté concernant les jeux de hasard et le bien-être des animaux. Elle pense que si le gouvernement fédéral décide d’exempter les courses de chiens des recommandations de l’enquête visant à réduire les incitations au jeu, il ne tiendrait pas compte des commentaires des électeurs.
Les ministres fédéraux font également l’objet de pressions de la part des entreprises de jeux de hasard et de l’organisme suprême de l’industrie, de même que des défenseurs de la réduction des risques qui exhortent le gouvernement à ne pas édulcorer les recommandations de l’enquête. Plusieurs sociétés, dont SportsBet, le plus important bookmaker en ligne d’Australie, ont fait campagne contre une interdiction totale des incitations et de la publicité. Au cours des six premiers mois de cette année, SportsBet a augmenté ses dépenses marketing de 19 millions de dollars avant la répression attendue.
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