Leister Hui, un client du casino de Aspinall à Curzon Street à Londres perd en jouant au baccarat en 2016. Il refuse de payer l’établissement parce qu’il dit que le casino lui a offert des verres Moutai, une liqueur chinoise très puissante. Il estime que le personnel de cet établissement l’a rendu ivre pour qu’il joue sans contrôle. Le casino argumente contrairement et dit que le joueur a d’abord voulu payer en adressant un chèque sans provision. Aussi, ce dernier avait prévu se saouler volontairement. Comme son aventure s’est soldée par un échec, voilà pourquoi il évoque maintenant la responsabilité sociale du casino. Malgré de multiples tentatives de paiement à l’amiable proposées par le casino, le joueur préfère que la justice se prononce sur cette affaire.
Du jeu cordial au contentieux judiciaire
Après avoir joué et perdu dans une partie de baccara en 2016 au casino d’Aspinall à Curzon Street, Leister Hui, un client régulier dudit club, ne veut pas payer sa dette dont le montant est chiffré à 600 000 livres sterling. Celui-ci affirme que le personnel du casino lui a offert gratuitement plusieurs verres de Moutai, une liqueur chinoise très forte fabriquée dans la ville de Maotai. Même s’il avait prévu de se saouler, il prétend que ce personnel a utilisé cette boisson encore appelée « eau de feu » pour l’empêcher de se contrôler pendant le jeu. Le jour des faits, après le jeu, Hui avait signé un chèque de 589 724 livres sterling au nom du casino afin d’éponger cette dette. Malheureusement, le chèque était sans provision. Après le constat de cette irrégularité par le club, le joueur profite de son état de lucidité pour accuser l’établissement d’avoir manqué à son obligation de responsabilité sociale. C’est une affaire très tendue qui nécessite l’intervention du régulateur des jeux d’argent et des professionnels du droit. Entre-temps, le joueur a saisi le juge pour justifier son refus de payer.
Manquement au devoir de responsabilité sociale du casino
Les arguments du joueur sont basés sur l’obligation de responsabilité sociale qui pèse sur le casino. D’après la loi régissant les activités des casinos au Royaume-Uni, il existe des dispositions relatives à la protection des joueurs. En effet, les opérateurs de jeux doivent contribuer à la promotion d’un jeu responsable. Le personnel tout comme les croupiers ne doivent pas encourager les joueurs à dépenser ou à perdre sans contrôle. Pour éviter que ces joueurs ne jouent inconsciemment, plusieurs techniques sont mises en place. Un premier mécanisme consiste à se fixer des limites de jeu à soi-même en tant que joueur. Ce qui revient à dire que pendant le jeu, si les dépenses du joueur atteignent le seuil fixé, ce dernier doit s’auto-exclure de la partie. Il peut le faire sans consulter le casino, tout comme le casino doit également lui rappeler de ne plus continuer à jouer s’il ne s’est pas rendu compte que le seuil est atteint.
Il existe aussi d’autres mécanismes qui s’articulent autour des obligations professionnelles des opérateurs. Ce sont des règles qui rappellent à ces derniers qu’il faut comprendre et maîtriser les comportements des joueurs vulnérables ou des joueurs accros au jeu. En face d’un tel sujet, le personnel ou le croupier doit être en mesure de stopper le joueur dans son élan de jeu. De façon claire, la responsabilité sociale des établissements de jeux d’argent est un moyen efficace mis en place pour aider les joueurs à ne pas se retrouver dans des situations similaires à celles de Hui. Comme autre précision, elles sont nombreuses, ces associations qui prônent la défense des intérêts des joueurs vulnérables ou des joueurs victimes d’addiction.
Pour revenir aux déclarations de Hui, celui-ci précise qu’il a prévu de se saouler un peu. Mais sans s’en rendre compte, il a débordé sa limite de consommation d’alcool. Il explique aussi avoir demandé au casino de fixer la limite de ses pertes à la somme de 30 000 livres sterling. Il a en outre sollicité l’aide de l’établissement afin que celui-ci l’aide à respecter cette limite. Mais malheureusement, rien n’a été fait ; il a plutôt été induit en erreur. En plus, l’établissement n’accordait pas des temps de pause suffisants pour permettre aux joueurs de dissiper la fatigue avant de relancer les parties.
Aspinal nie les faits et propose un règlement amiable du litige
D’après Alexander Robson, l’avocat du casino, les allégations de Hui semblent irréalistes. En effet, ce dernier ne parvient pas à prouver qu’il a demandé au casino de fixer une limite concernant ses dépenses. Si tel était le cas, le personnel allait effectivement enregistrer sa demande puis il allait le lui rappeler cela le moment venu. En d’autres termes, ce personnel devait se rendre compte de son exigence et allait directement l’interdire de continuer à jouer.
L’avocat continue en demandant comment monsieur Hui peut-il engager la responsabilité sociale de l’établissement tout en sachant qu’il avait prévu se saouler à l’avance ? À ce niveau aussi, ce juriste estime que si Hui avait informé les responsables du casino de son intention d’ivresse avant le lancement du jeu, ceux-ci n’allaient pas lui offrir à boire encore moins l’autoriser à s’asseoir sur la table pour jouer. Pour tenter de résoudre ce problème, le casino a proposé au joueur de payer sa dette à l’amiable. Cependant, ce dernier estime être lésé dans ses droits et espère avoir gain de cause devant le juge.
De tout ce qui précède, comment trancher cette affaire aux multiples facettes : un casino qui offre de l’alcool au joueur tout en sachant que ce dernier doit en principe rester concentré sur la partie de jeu, un joueur qui veut saouler pendant le jeu tout en prétendant à la victoire ? La sagesse du juge sera au centre des débats pour mieux entendre les parties et trancher le litige.
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