Le parlement géorgien examine actuellement un projet qui pourra aboutir à une interdiction complète à terme des casinos en ligne. Cette décision à la fois inédite et imprévisible est l’initiative du Premier ministre du pays Irakli Gharibashvili. Elle vise à sécuriser le budget de l’État tout en protégeant la jeunesse des problèmes de dépendance aux jeux.
De nombreuses mesures restrictives envisagées ainsi qu’une interdiction totale des casinos en ligne à terme
Alors que la Géorgie était auparavant un pays favorable à l’industrie des jeux d’argent en ligne avec la possibilité de voir bientôt les paris sportifs légalisés, la situation est en train de changer complètement. Le Premier ministre du pays vient d’annoncer que le gouvernement envisage d’interdire à terme les jeux d’argent / de hasard aux Géorgiens.
La raison majeure de ce revirement inattendu des autorités géorgiennes vient de la situation économique préoccupante que traverse le pays. Selon le Premier ministre Gharibashvili, environ 517 millions de dollars sortent du pays à travers l’activité des jeux en ligne. Le problème est également civique, car de plus en plus de jeunes géorgiens dépensent des sommes considérables dans ce passe-temps. La part belle de ces dépenses – soit 1 milliard 150 millions de dollars – émane de personnes inactives et vivant dans des conditions de précarité.
Afin de limiter la saignée, le gouvernement géorgien a entrepris une approche en deux étapes. L’objectif est d’arriver progressivement à une suppression complète des casinos en ligne sur le territoire. La première phase implique une augmentation des taxes sur l’activité couplée à l’interdiction des publicités de tout type relatives aux jeux d’argent en ligne.
Le Premier ministre géorgien propose en plus de faire passer à 25 ans l’âge minimal pour se livrer aux jeux de hasard. Ces restrictions sévères devraient selon lui faciliter à court terme l’interdiction complète des casinos en ligne, ce qui constitue la seconde étape de son plan.
Le parlement géorgien s’est déclaré favorable aux propositions du Premier ministre. Celles-ci ont reçu l’approbation de 82 parlementaires sur les 150 que compte la chambre. Mais le ministre des Finances Lasha Khutsishvili a déclaré que l’augmentation des taxes pour les casinos en ligne ne sera pas sans conséquence. Selon lui, cette mesure combinée à d’autres impactera l’apport de ces entreprises sur le budget de l’état. Il conclut qu’elle ne sera pas mise en application de sitôt.
Des jeux d’argent sources d’addiction, mais autrefois bénéfiques aux finances locales
Si le secteur touristique de la Géorgie connaît une certaine montée en puissance, il le doit en partie à l’industrie du jeu. Non réglementée, l’activité est perçue par la jeunesse comme une aubaine financière, les entraînant par conséquent dans le cercle vicieux de l’addiction. Le phénomène est tellement profond qu’une thérapie collective contre la dépendance au jeu avait été initiée à une certaine époque.
Le secteur des jeux en ligne a pourtant fait les beaux jours des finances publiques en Géorgie. Exemptée de toute régulation, les casinos en ligne représentaient en 2019 23,7 % du PIB, soit une augmentation nette de 87 % comparativement à l’année précédente. En 2020, le parlement avait même soumis un projet de loi destiné à permettre aux casinos en ligne d’exercer dans le pays. Le sujet était si important que l’état comptait sur ce secteur pour le financement de l’éducation et des bourses d’études.
L’omniprésence des entreprises de jeux avait atteint une si grande proportion qu’on en trouvait à chaque coin de rue. À l’inverse de certains pays européens où les jeux d’argent sont fortement réglementés, les salles de jeu se déploient ici jusque dans les zones rurales, de quoi aiguiser la tentation des potentiels adeptes dans un pays qui atteint des pics incroyables en matière de chômage. Une récente estimation non officielle a par exemple établi que sur une population de 3,7 millions d’habitants, environ 500 000 personnes sont accros au jeu de Ludo.
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