Le parlement britannique veut interdire la publicité sur les maillots de football. C’est une initiative émanant d’un comité de la chambre des Lords qui date de depuis 2020. En fonction des risques que représentent les jeux d’argent pour les mineurs et les joueurs problématiques, la prochaine version de la loi sur les jeux d’argent veut protéger ces différentes personnes. Les opposants de cette initiative (la ligue anglaise de football ou les opérateurs de jeux) pensent que cette décision va impacter négativement les activités des services publicitaires et va entraîner pertes sur le plan financier.
Interdire la publicité sur les maillots des footballeurs
La Grande-Bretagne s’engage à interdire la publicité sur les jeux d’argent qui se fait sur les maillots des clubs de football de la Premier League. La future loi sur les jeux d’argent veut mettre fin au parrainage des clubs de football anglais par les marques de jeux d’argent. Cette initiative provient des recommandations de 2020, recommandations issues d’un comité de la chambre des Lords. Chargé de réfléchir sur le sort des jeux d’argent et la protection des joueurs vulnérables, ce comité trouve qu’il faut éviter ce type de partenariat qui se noue entre les clubs de football et les fournisseurs de jeux. Entièrement motivée par un souci de protection des joueurs vulnérables et des mineurs, cette formulation va bouleverser tous ces partenariats signés avec cette vingtaine de clubs existant dans le pays.
Le projet de modification de la loi sur les jeux d’argent en Grande-Bretagne est un sujet qui anime plusieurs acteurs. Que ce soient les autorités politiques, administratives et aussi les fournisseurs de jeux de premier plan, chacun se sent concerné. Aux côtés de ces groupes, il y a aussi les lobbyistes qui ne cessent d’émettre des avis sur l’industrie du jeu.
Quel lien entre football et jeux de hasard ?
À propos du sujet, il faut rappeler que le parrainage de kits de Premier League par des sociétés de jeux d’argent est une activité habituelle. Elle a commencé depuis plus de 10 ans. Le football et les jeux d’argent sont liés dans la mesure où certains supporters sont en même temps fans du sport et parieurs par excellence. C’est facile de se convertir en parieur lorsqu’un supporter de football s’habitue aux messages publicitaires inscrits sur les maillots de leurs vedettes. À cause d’un tel lien, briser cette affinité qui s’est créée entre le jeu de hasard et le sport devient difficile. Pour le dire autrement, le football unit la plupart des habitants de la planète.
Le gouvernement trouve que cette situation crée une forme de dépendance vis-à-vis des mineurs et des toxicomanes. À cause de cette dépendance, les rapports d’enquête de certains acteurs chargés de contrôler l’identité des personnes à risques montrent la probabilité de voir le nombre de ces participants augmenter. Sur environ 1,4 million de parieurs que compte la Grande-Bretagne, près d’un demi-million d’entre eux sont considérés comme des joueurs passionnés et par conséquent, ils sont identifiés comme joueurs problématiques.
Dans une enquête récente, YouGov révèle que sur les 1,5 million de joueurs actuels au Royaume-Uni, ce même chiffre risque de s’ajouter à la liste de joueurs lésés par le jeu. Pour cette institution, le football est l’un des sports les plus populaires au monde, c’est un sport qui est au top lorsqu’il s’agit d’attirer des parieurs, placer des paris sur différents matchs. Cette enquête indique aussi que certains parieurs ont commencé à jouer après avoir été constamment touchés par les publicités diffusées à la télévision ou sur des supports publicitaires utilisés par les clubs sponsorisés.
Dans cette même situation, les toxicomanes sont trois fois plus exposés au jeu. Et dans une dynamique de changement de mentalité, moins de 3 % d’entre eux sont ceux qui recherchent une aide quelconque pour résoudre leur dépendance aux paris. Certains toxicomanes témoignent avoir été initiés au concept de jeu avant même qu’ils ne puissent légalement le faire.
Dans une interview sur BBC Sport, James Grimes du groupe de campagne The Big Step partage aussi son opinion. Il dit ceci : chaque jeune fan devrait pouvoir admirer son club. C’est normal, mais que ce soit à la télévision ou sur le terrain, ce dernier ne devrait pas être dominé par ces publicités dévastatrices. Compte tenu aussi du fait que la dépendance au jeu entraîne de nombreuses conséquences, chaque année, des décès sont enregistrés. D’après lui, si le gouvernement reconnaît la dangerosité des jeux d’argent, il faut établir une loi plus protectrice. Il ajoute en disant que si cette décision de mettre fin aux parrainages de jeu sur les kits de Premier League triomphe, il faudrait aussi interdire ce type de publicité dans les stades. Mais s’il faut juste se focaliser sur le sort des maillots sans empêcher ce qui se voit autour des terrains de football, cette mesure de lutte n’aurait aucun sens.
Concernant les risques que la publicité sur les jeux d’argent représente pour ces joueurs vulnérables, la ligue anglaise de football (English Football League/EFL), actuellement parrainée par l’entreprise de paris SkyBet, répond par une contre-opinion. Elle déclare qu’il n’y a pas de lien direct entre le parrainage des opérateurs de jeux et le jeu problématique.
Influence du numérique sur le jeu
De nos jours, les paris se font généralement en ligne. Le joueur n’a nullement besoin de se retrouver dans un stade où de voir la bannière d’un établissement de jeu pour miser. Le bouche-à-oreille par excellence se fait via le monde digital. D’aucuns pensent même que le monde entier s’enfonce véritablement dans l’ère numérique. C’est évident, car même les réglementations, en particulier celles impliquant les médias numériques, tiennent compte des différentes situations qui peuvent survenir à l’ère actuelle.
Concernant cette situation, un porte-parole du Département du numérique, de la culture, des médias et des sports (DCMS), partage son avis sur BBC Sport. Il précise que depuis 15 ans déjà, l’organisme dans lequel il évolue procède à un examen approfondi des lois britanniques sur les jeux d’argent pour s’assurer que celles-ci sont adaptées au monde numérique. Ce même messager déclare aussi que, d’ici les prochaines semaines, le département va mettre sur pied un livre blanc qui va expliquer en profondeur un plan d’action pertinent. Il est déjà en circulation, ce projet de livre blanc. Donc, une fois que la version finale du document sera effective, le dernier mot reviendra au parlement britannique.
Au niveau de la Advertising Standards Authority (ASA), le travail sur un ensemble de projets relatifs à la réglementation des jeux d’argent est également effectué. L’interdiction de la publicité sur les jeux est un sujet important pour cette institution. Elle aborde cette question en se penchant sur le cas des célébrités de la télé-réalité, du sport et des influenceurs des médias sociaux. D’après elle, il faut limiter l’exposition des téléspectateurs mineurs et des publics vulnérables aux activités de jeu. Sinon, cela pourrait leur causer des ennuis à long terme.
Le comité des pratiques publicitaires a aussi partagé son avis en disant que les publicités de jeux d’argent et de loterie attirent un certain nombre d’enfants. Cette catégorie de personnes, en raison de sa volonté de vivre une jeunesse ou la culture des jeunes, s’expose quotidiennement aux activités de paris.
Quel sort pour les partenariats entre clubs et opérateurs de jeux ?
Les partenariats existants entre les équipes de Premier League et les opérateurs de paris augmentent de façon exponentielle ces dernières années. Il faut aussi noter qu’au cours de la saison 2021/2022, plus de 50 % des 20 équipes ont signé une forme de partenariat avec une société de paris. Entre-temps, en 2020, le comité de la chambre des Lords avait déjà exprimé son désarroi pour ces types de partenariats.
Dans l’esprit du texte avenir ou de la future loi, tous les clubs ne seront pas traités de la même façon. En effet, pour les clubs des championnats, la suppression de tout partenariat d’avec un établissement de jeu se fera de manière progressive.
Certains lobbyistes ont critiqué cette façon de procéder. Pour eux, il s’agit d’un plan réticent que le gouvernement veut établir à l’endroit des clubs de championnat. Ces lobbyistes soulignent que l’interdiction des publicités sur les jeux d’argent est une bonne idée. Mais elle serait plus cohérente si elle s’appliquait à l’égard de tous les clubs de la Ligue anglaise de football sans exception.
Sur le plan financier, la ligue anglaise de football déclare que l’interdiction des parrainages de jeux d’argent va entraîner une perte dévastatrice. Elle chiffre le manque à gagner des clubs à près de 40 millions de livres sterling par an.
Si le livre blanc de DCMS est publié avant le lancement de la saison Premier League 2022/2023, il sera difficile qu’il produise les effets escomptés parce que la saison aurait déjà commencé. Face à cette situation, il semble que les clubs soient déjà en train de négocier avec le gouvernement pour que l’interdiction n’affecte pas la prochaine saison.
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