Le Royaume-Uni vient de franchir un palier supplémentaire dans sa politique de protection de ses citoyens. Une mesure de contrôle dénommée affordability check vient d’être proposée par l’UK Gambling Commission, afin de prévenir des dépenses outrancières chez les joueurs. Mais cette mesure est qualifiée d’invasive et reçoit un accueil mitigé.
Une mesure qui vise à prévenir toute forme d’addiction au jeu
L’objectif principal de l’affordability check selon la Commission britannique des Jeux est d’imposer une restriction jugée salutaire pour les joueurs compulsifs. Il s’agit de s’assurer que les parieurs fassent des mises proportionnellement à leur disponibilité financière. Les casinos et les institutions de jeux auront dès lors un droit de regard sur les finances de leurs clients.
Ces opérateurs pourront connaître l’origine des fonds misés ainsi que la façon dont ils sont dépensés. L’accès à ces informations sera nécessaire pour déterminer si un parieur dispose d’assez de moyens pour miser ou non. Une disposition qui renforce le Royaume-Uni dans son rôle d’état protecteur. Mais celle-ci n’est pas du goût des joueurs. Ces derniers n’apprécient pas que l’on puisse venir fouiner dans leur portefeuille.
L’affordability check jugée liberticide et impopulaire
Afin de tester la popularité de ce projet, Racing TV, un média à forte audience spécialisé dans les courses hippiques a procédé à un sondage. Comme il fallait s’y attendre, ledit sondage a révélé la passion avec laquelle les parieurs ont accueilli cette mesure. Plus de 2 000 personnes s’y sont prêtées et ont estimé que l’affordability check représente une violation de leur droit à la vie privée. Selon eux, contrôler ses finances est un droit sacré de l’individu auquel il ne faut pas toucher.
À l’issue du sondage, les résultats suivants se sont dégagés :
- 95 % sont opposés aux plateformes de jeux qui s’ingèrent dans leurs finances ;
- 88 % réclament le droit de jouer sans une intervention du gouvernement ;
- 85 % estiment que cette mesure pourrait les pousser vers des sites de jeux non régulés ;
- 74 % estiment enfin que ces contrôles devraient plutôt s’appliquer aux joueurs à risque.
Un autre sondage mené par YouGov a mis l’accent sur le potentiel risque d’un boom des casinos clandestins si cette mesure venait à passer. Michael Dugher, directeur des paris et des jeux n’a pas manqué de dire sa surprise après la publication des résultats du sondage. Il espère que les instances de régulation tiendront compte des différents avis émis.
Un projet mijoté en amont au sommet de l’État
C’est Chris Philp, ministre de la Technologie et de l’Économie digitale qui est la tête pensante de l’affordability check. Il avait attiré l’attention sur de potentiels amendements du Gambling Act de 2005. C’était lors d’une conférence dont le thème portait sur l’importance d’une collaboration pour prévenir les effets vicieux du jeu.
Le membre du gouvernement a estimé que la lutte contre l’addiction au jeu doit être une action commune. Afin que celle-ci puisse porter des fruits, il a proposé de mettre davantage l’accent sur la prévention. Il a par ailleurs interpellé les opérateurs du secteur sur leur rôle capital concernant la détection des signes d’addiction chez les parieurs.
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