Récemment, des joueurs de casino en ligne en Suisse se sont retrouvés du jour au lendemain avec des comptes à découvert. Cette situation a été attribuée à un bug informatique. Mais la commission fédérale des maisons de jeu a ouvert une enquête, afin de savoir si les opérateurs impliqués dans le scandale étaient juridiquement conformes au moment de l’affaire. Pour le Groupement Roman d’Études des Addictions (GREA), et la conseillère nationale Sophie Gigon, cette affaire témoigne de l’incapacité du gouvernement à appliquer une loi qu’il a établie pour la protection des joueurs depuis 2019.
Ils découvrent leur compte à découvert de plusieurs dizaines de milliers de francs
En Suisse, de nombreux joueurs ont retrouvé leurs comptes bancaires au rouge. Ces joueurs, qui se comptent par milliers, se sont donc retrouvés à découvert. En plus d’avoir été dépouillés de leur patrimoine financier, certains d’entre eux sont devenus débiteurs de sommes allant au-delà de dix mille francs suisses. L’affaire a été sortie du placard par la Radiotélévision suisse au journal de 19h30, la semaine dernière. Les informations obtenues montrent que ces changements bancaires sont en réalité des erreurs dues à un dysfonctionnement informatique des comptes Postfinance correspondants.
Mais le directeur de la commission fédérale des maisons de jeu a ouvert une enquête, car pour lui, cela ne suffit pas. Pour monsieur, Jean-Marie Jordan, si cette affaire implique les partenaires financiers des casinos en ligne en disgrâce, il est plus que nécessaire de savoir si ces casinos étaient en règle au moment des faits. Entre autres, le directeur de la commission fédérale veut savoir si l’obligation de diligence était remplie. Il précise que le casino doit informer le joueur sur la nature du jeu, et lui permettre d’arrêter le jeu à sa guise.
Par ailleurs, il faut noter que des joueurs touchés par ce bug informatique avaient saisi des responsables pour signaler l’inaccessibilité aux informations liées aux gains et aux pertes. Une des victimes a révélé que l’un des sites ne calculait pas automatiquement les montants. Une autre victime révèle que, sur un autre site, la procédure était de sélectionner une période de temps au préalable, avant d’avoir les informations liées aux pertes et aux gains sur la période sélectionnée. Les joueurs victimes ont pensé à déposer une plainte civile. Mais selon Jean-Félix Savary, le secrétaire général du Groupement Roman d’Études des Addictions (GREA), le fait que cette affaire ait pu se produire à cette ampleur, sans qu’une alerte – mis à part celle des victimes n’ait été lancée – soit d’une gravité accablante.
Le gouvernement interpellé pour l’inefficacité de la réglementation
Pour le Groupement Roman d’Études des Addictions, le gouvernement n’a pas réussi à tenir ses promesses en matière de protection des joueurs à risque. Cette promesse avait été exprimée au travers de la nouvelle réglementation de 2019, qui prévoie des mesures de protection par l’information et l’identification précoce des comportements de joueurs à risque. La conseillère nationale Sophie Gigon est du même avis. En conséquence, elle a saisi le conseil fédéral pour avoir des informations sur l’application de cette réglementation.
Le GREA pense que la véritable priorité du gouvernement ce sont les retombées fiscales des casinos en ligne. En effet, une étude menée par le groupement et mandatée par le PILDJ (Programme Intercantonal Romand de Lutte contre le Jeu excessif) a montré que les joueurs à risque génèrent près de 50 % des revenus des plateformes de jeux de casino en ligne. Le GREA dénonce ainsi la loi, et plaide pour que les opérateurs fassent plus d’efforts en mettant un système capable de reconnaitre des comportements à risque.
Selon le GREA, à partir des données numériques, les opérateurs peuvent se baser sur des critères tels que le montant des mises, la fréquence des mises, et la vitesse à laquelle le bouton est pressé par le joueur, afin d’identifier les comportements problématiques. Pour la conseillère nationale, il serait bon de distinguer les données collectées en vue de la protection des joueurs, de celles destinées aux activités marketing. Pour elle, la période de confinement a favorisé la publicité des casinos en ligne.
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