Le gouvernement suédois a finalement adopté plusieurs mesures restreignant les casinos en ligne dans le but de protéger les joueurs plus exposés aux problèmes de jeu, à cause des mesures prises pour limiter la propagation du coronavirus. Ces règles temporaires seront valables du 2 juillet jusqu’à la fin de l’année. L’État a notamment décidé de fixer un plafond pour les dépôts hebdomadaires et les bonus offerts à respectivement 5 000 et 100 couronnes suédoises. C’est l’épilogue d’une affaire qui aura vu s’opposer le gouvernement (sous l’impulsion du ministre de la sécurité sociale Ardalan Shekarabi) aux acteurs de l’industrie des jeux d’argent.
Le gouvernement limite les dépôts hebdomadaires et les bonus
En avril, le gouvernement suédois, avec notamment le ministre de la sécurité sociale Ardalan Shekarabi, annonçait déjà leur intention de mettre en place une série de mesures restrictives, après le constat d’une nette augmentation de la pratique des jeux d’argent en ligne coïncidant avec la crise due à la pandémie du coronavirus.
Le ministre a expliqué que le fait de se confiner et d’être soucieux de perdre son travail ou de manquer de ressources pouvait augmenter le risque de problèmes de jeu et d’addiction chez les joueurs. Les législateurs ont finalement approuvé cette semaine plusieurs mesures concernant les casinos en ligne. Elles prendront effet le 2 juillet et seront valables jusqu’à la fin de l’année.
Les principales mesures concernent la limitation des dépôts hebdomadaires et des bonus. Concrètement, un Suédois ne pourra plus déposer plus de 5 000 couronnes suédoises en une semaine dans un casino en ligne, soit environ 537 dollars. De même, le casino en ligne ne pourra pas lui offrir un bonus de plus de 100 couronnes, soit 10,78 dollars, sachant qu’en Suède, les lois régulant l’industrie des jeux d’argent ne permettent que le bonus de bienvenue.
De plus, les joueurs auront la contrainte de définir leur temps de jeu avant chaque session. Au-delà de ces restrictions, le gouvernement a par ailleurs décidé d’allouer 500 000 couronnes au ministère de la Santé publique, afin que ce dernier étudie davantage les problèmes de jeu en ce temps de coronavirus. Les résultats de cette étude sont attendus à la fin du mois de février 2021.
Des mesures très contestées par les acteurs du secteur, et même par le régulateur local
Ce n’est pas la première fois en Europe qu’un gouvernement prend de telles mesures. La Suède emboîte ainsi le pas de l’Espagne et le Royaume-Uni, qui ont eux aussi pris des mesures restrictives vis-à-vis des casinos en ligne. Plus stricte encore, la Lettonie a carrément suspendu ceux-ci. Cela pouvait conforter l’idée que le gouvernement suédois a vu juste, pourtant il a été largement critiqué par les acteurs du secteur des jeux en ligne.
Ces acteurs ne manquaient pas d’arguments, le premier étant qu’une limitation des dépôts et bonus ne pouvait être imposée qu’aux casinos en règle et sous contrôle, c’est-à-dire des casinos sous licence. Malheureusement, l’on sait bien qu’il y a d’autres opérateurs illégaux qui restent tout de même accessibles aux joueurs. D’ailleurs, selon une étude menée par le bureau indépendant Copenhagen Economics à la demande de l’Association suédoise des professionnels des jeux d’argent en ligne (abrégée BOS), les mesures du gouvernement suédois entraîneraient une grande diminution du pourcentage de l’argent misé sur les sites possédant une licence par rapport à ceux opérant sans licence. Ce pourcentage qui n’est déjà pas énorme (75 %) serait alors compris entre 52 % et 63 %.
Pour ne pas ainsi porter préjudice aux sites légaux, la BOS a proposé au gouvernement ses propres mesures, 7 au total ; des mesures censées protéger les joueurs durant cette période, tout en évitant de les détourner vers les sites illégaux. L’association demande notamment de créer une licence B2B, c’est-à-dire une licence pour les entreprises qui apportent des clients aux opérateurs de jeux d’argent, les opérateurs ne seraient alors plus les seuls à devoir être sous licence. Elle exhorte également le gouvernement à mieux informer les joueurs des outils de protection contre les problèmes liés au jeu, notamment le Spelpaus, qui en Suède permet à un joueur de se bloquer lui-même et de ne plus pouvoir avoir accès à tout site ou publicité de jeux d’argent. Enfin, la BOS a évoqué le partage et l’exploitation des données des joueurs, ainsi que le mandat du régulateur suédois des jeux d’argent qui devait être prolongé.
Ces propositions n’ont toutefois pas vraiment été écoutées, puisque les lois restrictives viennent définitivement d’être adoptées. Ceux qui ont peut-être été entendus ce sont les opérateurs de paris sportifs ; ils étaient eux aussi au départ concernés par les mêmes restrictions, avant que les législateurs ne les épargnent finalement. Ces opérateurs ont critiqué les intentions du gouvernement, en l’accusant de mettre en place une restriction sur les dépôts qui avantagerait les sociétés de paris sportifs où l’État a des intérêts par rapport aux opérateurs de paris sportifs internationaux.
Enfin, même le régulateur suédois des jeux de hasard (la Spelinspektionen) a donné un avis négatif, affirmant que le délai du 2 juillet était bien trop court pour que les casinos en ligne se mettent en règle à temps.
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