Le comité britannique des comptes publics s’est penché sur la question des jeux de hasard, la réglementation en vigueur et les conséquences des méfaits du jeu sur les joueurs. Il a produit à cet effet un rapport accablant pour le régulateur britannique des jeux de hasard et le ministère de la Culture, des Médias et des Sports. Les deux entités ont été jugées inaptes à comprendre les dommages résultant des jeux de hasard. Elles ont été appelées à revoir leur fonctionnement et leur attitude vis-à-vis de l’industrie du jeu, et à prendre des mesures pour lutter efficacement contre les ravages du jeu.
Le comité pointe la réglementation du doigt
La Chambre des communes du parlement britannique s’attaque aux jeux de hasard. Un rapport du comité des comptes publics (PAC) accable le ministère de la Culture, des Médias et des Sports (DCMS) et la UK Gambling Commission (le régulateur de jeux de hasard britannique). Le rapport qualifie le régulateur de jeux de hasard de commission édentée et laxiste. Les députés responsables de ce comité n’ont pas épargné le DCMS, qu’ils ont jugé lent à apporter les changements nécessaires à la réglementation des jeux de hasard.
Selon le rapport du comité des comptes publics, les deux entités mises en causes ne se sont pas suffisant investi dans la sauvegarde des intérêts des consommateurs. Les députés estiment que la commission ne prend pas assez de mesures pour protéger les joueurs contre les opérateurs qui n’obéissent pas aux lois sur les paris. Le rapport fait état de près de 395 000 personnes ayant des comportements de jeu problématiques, et de 1,8 million d’autres joueurs à risque. Cela serait dû à des incitations à jouer en ligne pendant la période de confinement.
Ces personnes seraient sujettes à des conséquences dévastatrices pour eux et leur entourage. Au rang de ces conséquences, il faut compter les problèmes financiers, la perte de biens immobiliers, les divorces et la rupture des relations, la criminalité, et pour certains, des suicides. Le fait que les jeunes de 16 et 17 ans puissent parier en ligne n’est pas passé inaperçu. Le risque de devenir accro aux cartes à gratter numériques est une préoccupation pour le PAC. Pour le comité, la commission devrait revoir ces priorités et permettre aux joueurs, via une solide réglementation, de se défendre face aux opérateurs hors-la-loi.
L’octroi des licences sans inspection de la commission a été souligné dans le rapport. Environ 119 sur 380 licences accordées aux jeux de hasard terrestre en Grande-Bretagne entre 2018 et 2019, l’auraient été sans enquête approfondie. Pour ce qui est des jeux de hasard en ligne, la commission n’exploiterait pas les données sur les transactions de jeux de hasard pour comprendre le comportement des joueurs.
En ce qui concerne le ministère de la Culture, des Médias et des Sports, les responsables du comité lui reprochent d’avoir une compréhension faible de la situation, et de freiner l’augmentation du budget de la commission de régulation des jeux de hasard. La DCMS est aussi accusée de ne pas financer les projets de recherche visant à une compréhension approfondie des problèmes d’addiction aux jeux et des méfaits de ces derniers.
Des recommandations pour une refonte de la réglementation des jeux au Royaume-Uni
Le comité des comptes publics a émis des recommandations visant à reformer la réglementation des jeux et la faire entrer dans une nouvelle ère. Dans son rapport, le comité a demandé :
- Une refonte radicale de la Commission, afin qu’elle soit plus prompte à protéger les joueurs vulnérables, et le renforcement des droits des consommateurs en cas de réparation ;
- La mise à jour des conditions de licence des entreprises ;
- Une mise à jour des données collectées pendant la période du COVID-19 sur les habitudes de jeu, et une vérification du respect des engagements pris par l’industrie ;
- Entre autres mesures.
À la suite de ce rapport, l’organisme de normalisation de l’industrie du jeu, le Betting and Gaming Council, a pour sa part mis exergue les actions volontaires du secteur pour améliorer la protection des clients : interdiction de la publicité autour du sport en direct, augmentation du financement de la recherche, de l’éducation et du traitement. L’organisme a expliqué que près de 30 millions de personnes aiment jouer occasionnellement, et que la grande majorité d’entre elles le font en toute sécurité.
Dans ses propos, le Betting and Gaming Council a relevé les efforts fournis par l’industrie du jeu, afin de remonter la qualité des normes pour que les joueurs puissent jouer en toute sécurité ; et ce malgré le fait que ni le régulateur ni le gouvernement n’avait apporté de preuves quant à l’augmentation du jeu problématique. Néanmoins, l’industrie s’est engagée à apporter des changements et à rehausser les normes de sécurité de jeu, en collaboration avec la commission des jeux de hasard et le gouvernement.
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