Le Chai à vin de Rouen risque de se transformer en établissement de jeux de hasard. Le projet a été confié à Eiffage, après un appel d’offres. Le complexe casinotier qui devrait voir le jour se heurte encore à des difficultés d’ordre juridique. Certains politiques pensent que ce projet n’est pas approprié ; d’autres cependant estiment que ce projet offre des opportunités touristique et économique.
Un projet inapproprié pour certains
Le célèbre Chai à vin de Rouen pourrait devenir un énorme casino dans les prochaines semaines. Cela peut arriver si monsieur Françis Debrey, le promoteur du projet, réussit son coup auprès des autorités compétentes. En effet, le Chai à vin fait l’objet de nombreuses réflexions depuis plusieurs mois. Le projet de le transformer en espace de loisir dédié aux jeux de hasard ne plait pas à tout le monde.
Rouen est une ville cosmopolite sur le plan politique. Les avis divergent au sujet de ce projet de transformation. En effet, si le projet constitue une opportunité pour certaines personnes, pour d’autres, il est inapproprié. Dans cette dernière veine, on peut apercevoir Lionel Deschamps du groupe « Rouen, notre commune ». Pour lui, le Chai à vin devrait être remplacé, non pas par un casino, mais par un lieu tout aussi ludique et empreint de culture. Il estime que la construction d’un établissement à ce niveau risque de faire de l’ombre aux autres établissements de Dieppe, Havre, et Forges-les-Eaux notamment. Ce serait une concurrence inopportune pour la circonscription.
Avec L. Deschamps, on compte aussi Jean-Michel Bérégovoy de « Réenchantons Rouen ». Ce dernier est plus tranché et se dit engagé à mener une véritable « bataille » pour que ce casino ne voie jamais le jour. Il pense qu’un casino serait obsolète, et ne correspondrait pas aux valeurs de Rouen. Le politicien propose de saisir d’autres initiatives du privé à la place de ce casino. Du côté de « Fier.e.s de Rouen », Nicolas Mayer-Rossignol conçoit avec amertume qu’un monument comme le Chai à vin puisse être remplacé par un établissement de jeu de hasard. Il propose de lancer un tout autre appel d’offres comportant des exigences destinées à faire du Chai un lieu d’exception. Il confie d’ailleurs avoir plein de nouvelles idées dans ce sens.
Un projet opportun pour d’autres
Le projet de transformation du Chai à vin de Rouen en un établissement de casino est vu comme une opportunité par plusieurs responsables. En tête de liste, nous classons monsieur Laurent Bonnaterre, le directeur de l’office du tourisme de la ville. C’est lui qui a annoncé d’un ton enthousiaste l’acquisition par Rouen du label « station de tourisme », et la mise en œuvre prochaine du projet de construction du casino sur la presqu’île de Waddington. Pour lui, le casino vient à point nommé, car il vient répondre à un besoin exprimé par les touristes.
Il faut signaler que le casino qui pourrait être construit a été choisi parmi 3 propositions issues d’un appel d’offres baptisé « Réinventer la Seine ». S’il voit le jour, le casino de Rouen sera celui proposé par l’entreprise Eiffage. Ce casino sera un complexe où l’on va retrouver un casino, deux espaces panoramiques de restauration, un musée artistique du forain soutenu par l’exposition Saint-Romain de Waddington, un cabaret, et un espace d’œnologie.
L’absence d’un orchestre national risque d’empêcher l’aboutissement du projet
Le projet de reconversion du Chai à vin en casino de Rouen risque de ne pas voir le jour à cause d’une condition juridique non respectée par la ville. En effet, pour ouvrir un casino, une ville doit respecter quelques conditions. Rouen compte la population exigée, les dispositifs culturels exigés, le label « station touristique », ce qui constitue les ¾ des conditions à respecter. Mais « dura lex, sed lex » (« dure est la loi, mais c’est la loi »). La ville ne remplit pas la dernière condition qui est d’avoir un orchestre national.
Lors de leur démarche, monsieur Françis Debrey avoue qu’une imprécision sur le texte qui porte ces conditions avait été proposée à discussion au niveau du Ministère de l’Intérieur. Le nœud du problème résidait sur la différence ou la présence d’une différence entre des conditions de nature impérative et les conditions de nature alternative. Mais le promoteur laisse entendre que les autorités sont peu disposées à relire cette disposition juridique, affirmant que l’orchestre est obligatoire.
Toutefois, le promoteur du projet de transformation du Chai à vin en casino pense que la loi peut « évoluer ». En effet, Françis D. considère que les conditions posées par la loi peuvent faire l’objet d’aménagement, comme cela a déjà été le cas par le passé. En effet, l’orchestre national a été une condition ajoutée après l’adoption de la loi sous l’impulsion de Jacques Chaban-Delmas. Jean Marc-Ayrault a fait la même chose pour la condition qui exige un centre dramatique. Françis Debrey propose d’ajouter une « scène lyrique » comme alternative à l’orchestre national.
De toutes les façons, ce projet est le bienvenu pour certains politiques. Le maire de Caudebec-lès-Elbeuf, Jean-François Bures, fait partie de ces politiques. Pour lui, ce projet de casino va renforcer l’attractivité touristique ainsi que l’économie de la ville. Guillaume Pennelle du Rassemblement national et Marine Caron de « Ensemble pour Rouen » partagent cet avis. Cette dernière ajoute que ce projet pourrait propulser Rouen dans les classements nationaux, et précise qu’il doit être mené dans le cadre d’une véritable stratégie d’investissement.
Le projet a jusqu’en mars pour débuter. Les responsables du projet devront accélérer les négociations pour avoir une chance de voir leur rêve devenir réalité.
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