La commune de Pompadour en Corrèze est depuis 6 ans en quête de son casino afin de diversifier son activité. Célèbre par les nombreux événements et concours équestres qui s’y déroulent à longueur d’année, cette région se trouve cependant sur la pente raide du fait du désintéressement progressif de l’État pour la filière cheval. Afin de rattraper le coup, des élus locaux ont initié diverses actions afin de faire tomber les barrières législatives auxquelles ce projet fait face. Cela est justifié, car l’implantation d’un casino dans cette localité comporte des enjeux multiples.
Un établissement de jeu, planche de salut pour les finances locales
La mise en place d’un casino à Pompadour en Corrèze pourrait-elle contribuer à financer les événements équestres et les infrastructures dans cette région au moment où le gouvernement semble manifester de moins en moins d’intérêt pour cette filière ? Il s’agit d’un projet qui s’apparente de plus en plus à une voie sans issue, mais les élus locaux font actuellement des pieds et des mains pour que celui-ci connaisse un dénouement heureux, en faisant notamment tomber la batterie législative qui y fait actuellement obstacle.
Pourtant, Pompadour n’a pas volé son titre de cité du cheval, avec son hippodrome, son château, ses 170 rencontres équestres l’année, ses haras et bien d’autres. Il ne lui reste plus qu’un casino pour fermer le cercle et cela fait 6 ans qu’il s’évertue à en acquérir un. Les événements équestres sont assez dispendieux et l’institut français du cheval qui est la cheville ouvrière de l’État dans cette filière semble s’essouffler au fil du temps.
La raison pour laquelle Pompadour fait face à cette barrière législative est d’ordre procédural, car n’étant pas une cité balnéaire, ni une station climatique ou thermale et encore moins une métropole disposant de plus de 500 000 habitants, il ne remplit pas les conditions pour prétendre à un établissement de ce type ; une seule solution s’impose dès lors, modifier la loi en la matière. Une tentative avait été envisagée dans ce sens en 2019, à travers une proposition de loi adressée au Sénat, laquelle était restée sans suite.
Le projet ne sera pas validé avant 2024
En fin novembre 2022, deux députés de la Corrèze, Frédérique Meunier et Francis Dubois sont repartis à la charge, à la faveur d’une proposition de loi autorisant l’implantation d’un casino dans les localités abritant une structure de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et disposant d’une attraction en rapport avec l’organisation des concours ou courses hippiques aussi bien au niveau national qu’international. Une proposition de loi similaire a d’ailleurs été soumise au même moment par les élus du Maine-et-Loire. Le député Meunier a affirmé avoir eu un échange avec le ministre de l’Intérieur, à l’issue duquel on lui a confirmé qu’une loi destinée aux cercles de jeu entrera en vigueur en 2024, et dans laquelle sa proposition de loi pourrait être insérée. Pour Alain Tisseuil, le maire de Pompadour, ce serait une victoire éclatante.
La prochaine étape selon l’autorité municipale de Pompadour, consisterait en l’obtention d’une délégation de service public afin de désigner un casinotier. En effet, un casino est une sorte de partenariat commune/casino, compte tenu de la fiscalité qui en découle et au fait que dans une commune, ce genre d’établissement est en général le principal employeur. Philippe Bon est le délégué général du syndicat des casinos de France ; dans une sortie, il s’est dit favorable à l’installation de casinos dans les communes de Saumur et de Pompadour. Selon lui, la marge de manœuvre est assez délicate et en libérant les implantations, un déséquilibre pourra être créé sur le maillage actuel. Pour faire simple, deux casinos c’est jouable, et vingt-cinq c’est excessif.
C’est un sujet préoccupant pour le maire de Pompadour qui a laissé entendre qu’en l’absence d’un casino, les haras de sa commune seront mis en vente. Un appel à manifestation sera lancé par l’IFCE pour l’acquisition du château et du site de puy Marmont où tous les concours sont organisés. C’est un risque qu’il vaudrait mieux éviter de courir, selon les dires de Philippe Bombardier, président de la société de concours hippiques de Pompadour. Pour ce dernier, le désengagement progressif de l’État pour la filière cheval est de plus en plus perceptible. Mais fort heureusement, il y a des tentatives venant de l’IFCE visant à trouver un particulier qui aura la charge de la gestion du site ; au même moment, on observe une certaine cohésion entre la société des courses, celle des concours, les scènes de manège et le club de rugby qui a décidé de prêter main-forte à ce projet.
Une synergie d’action qui ne profite malheureusement pas au site de puy Marmont
Pour organiser les 170 journées d’événements annuels qu’abrite la commune de Pompadour, il faut un financement compris entre 300 000 et 400 000 euros selon Philippe Bombardier ; le maire Tisseuil quant à lui, table plutôt pour au moins 350 000 euros. Cette somme pourra, de son point de vue, être couverte par les recettes fiscales qui seront issues du potentiel casino. À en croire son analyse, le nombre d’événements organisés par la municipalité restera au beau fixe en 2023 et en 2024 avant de se déliter ensuite si un casino n’est toujours pas implanté. Dans une petite commune comme Pompadour, les recettes fiscales générées par un casino sont très importantes.
Lors de sa tournée au lendemain de la crise des gilets jaunes, le président français Emmanuel Macron a reçu de nombreux comptes rendus faisant état de nombreuses municipalités qui s’épanouissent grâce au casino qui y a été installé. Mais ça, c’était avant le déclenchement de la crise sanitaire qui a mis à genoux de nombreux établissements de jeu. Certains ont tout simplement mis la clé sous le paillasson, à l’instar du casino de Saint-Nectaire dans le Puy-de-Dôme qui n’a finalement rouvert qu’au mois d’août dernier.
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