Grand Casino de Dinant va reprendre la gestion du casino municipal sur décision de justice

La société de jeux de hasard Grand Casino de Dinant reprend la gestion du casino municipal. Sa désignation a été prononcée par le tribunal de commerce et approuvée par l’exécutif municipal. Ce changement fait suite au déclin qui a caractérisé le casino municipal, alors géré par la SAS Casino Victoria. Le nouveau gestionnaire promet déjà d’importants investissements dans le casino. Des promesses jugées trop hâtives par les élus de l’opposition, qui ont par ailleurs dénoncé nombreux vices dans le processus de désignation de ce nouveau gestionnaire.

Un casino municipal en plein déclin

Le casino municipal, géré par la société SAS Casino Victoria, est fermé depuis fin août dernier. Une décision de justice du Tribunal de commerce a décidé de la suspension de ses activités, l’arrêt de jeux. Le juge reproche au casino municipal d’innombrables violations de la réglementation en vigueur sur les jeux de hasard. Le défaut de respect de la réglementation plaçait le casino en marge de la loi et l’exposait à des sanctions.

Le casino municipal avait été rouvert en 2017. Depuis lors s’en sont suivies des années catastrophiques en termes de gestion. L’élue de l’opposition Magali Conesa s’est exprimée à la place de Paul Euzière, président du groupe. Conesa déclare que le casino municipal a été caractérisé par une chute de ses activités. Ce déclin vertigineux est perceptible sur toute la durée de 30 ans de son existence. Les revenus du casino ont considérablement diminué au fil du temps au point de parvenir à des seuils très bas.

La situation financière de la SAS Casino Victoria ne lui permettait plus depuis lors de poursuivre le paiement normal de ses redevances auprès de la ville. Une situation qui a entrainé un amenuisement des redevances du casino pour la ville. Les déboires de plus en plus graves et inquiétants de la SAS Casino Victoria ont fini par bénéficier de l’intervention de la justice belge.

L’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire par le tribunal de commerce

Le tribunal de commerce de Grasse est intervenu pour stabiliser la situation du casino municipal, visiblement très débordé par 30 ans de déclin. En septembre dernier, notamment le 20 de ce mois, le tribunal place la SAS Casino Victoria sous redressement judiciaire. Une mesure légale permettant de stabiliser la situation du casino. Cette mesure prise sur décision judiciaire recommande au casino la limitation de certains paiements et le recouvrement de toutes ses dettes auprès de ses débiteurs.

En mettant le casino municipal sous redressement, le tribunal de commerce de Grasse a eu pour but de stabiliser son activité, d’assurer sa continuité et de sauvegarder les emplois. La mise en redressement semble n’avoir pas apporté les résultats escomptés par le tribunal. Le 25 octobre, un mois plus tard, l’instance compétente pour les litiges commerciaux a fini par mettre le casino sous liquidation judiciaire.

La liquidation judiciaire est l’étape au-dessus du redressement. Lorsqu’elle est prononcée, elle témoigne de l’incapacité du casino municipal à se reprendre malgré les mesures conservatoires prises dans ce sens. En prononçant la liquidation de la SAS Casino Victoria, le juge met sur la table une double question. Celle de sa fermeture définitive et celle de sa réouverture. Cette dernière étant assortie d’une condition essentielle qui est celle de sa reprise par un autre gestionnaire.

La reprise du casino municipal par Grand Casino de Dinant

La société belge Grand Casino de Dinant est désignée pour reprendre la gestion du casino municipal. En effet, un appel d’offres a été lancé le 30 novembre par l’administrateur au redressement judiciaire, comme le révèle le maire de la ville, Jérôme Viaud. Au terme de cette procédure d’appel d’offres, après examen notamment de deux dossiers, le tribunal de commerce de Grasse a finalement retenu Grand Casino de Dinant. Celui-ci remplace la SAS Casino Victoria à la gestion du casino municipal.

Toutefois, la validation de la désignation de Grand Casino de Dinant par la justice doit encore être approuvée par les élus locaux de la commune de Grasse. En effet, le Conseil municipal doit encore donner son accord. Ce fut le cas la semaine dernière. Le Conseil s’est réuni en séance municipale. L’approbation s’est faite au vote à la majorité simple. Cette validation n’a pas caché le doute d’une partie de l’opposition.

Une approbation quelque peu mitigée

Les nombreuses années de déboires du casino municipal de Grasse ont forgé une expérience négative auprès de certains élus locaux. Ceux-ci n’ont pas tardé à manifester leur scepticisme quant à la désignation d’un nouveau gestionnaire. De nombreuses questions sont donc soulevées sur le repreneur, Grand Casino de Dinant, sa qualité de ses services et sa capacité à redorer le blason du casino municipal.

Certains membres du Conseil municipal de la ville se sont d’ailleurs indignés de n’avoir pas été associés au processus de désignation du repreneur. Peu d’informations auraient été diffusées et le contenu des débats entretenu dans la discrétion. Les membres du conseil dénoncent un défaut de réflexion collective sur la question et la reprise du casino municipal.

Au rang des plaignants se trouvent notamment les Commissions des finances et des appels d’offres. Ces deux commissions municipales ont dénoncé n’avoir pas été informées du contenu des offres ni de la poursuite de débats.

Nombreux arguments en faveur du repreneur

Bien que son choix ne fasse pas absolument l’unanimité auprès des membres du conseil, Grand Casino de Dinant offre tout de même d’importantes garanties. La société belge est une filiale du groupe DGRT/infiniti. A son actif, compte l’exploitation des casinos d’Ostende et de Dinant en Belgique, ainsi que d’Acapulco au Mexique. Cette réputation et cette expérience dans le métier de la gestion de casino semblent avoir conquis le maire de la municipalité de Grasse.

Le maire de Grasse soutient que Grand Casino de Dinant semble en tout point la société la plus indiquée pour reprendre le casino municipal. Le repreneur va impulser une nouvelle dynamique au casino et renforcer par ce moyen l’attractivité de la ville, ajoute le maire Jérôme Viaud. Les garanties financières de Grand Casino de Dinant sont également un avantage de poids, précise le maire. La société est dotée d’une solide assise financière. Un élément important et nécessaire pour la remise à niveau du casino, notamment en matière d’investissement, à trois ans du terme de la concession.

Dans son approbation du choix de Grand Casino de Dinant comme repreneur pour le casino municipal, le maire de la commune de Grasse peut compter sur le soutien de ses collaborateurs. Valérie Copin, la première adjointe au maire rappelle dans une allocution que le choix de ce candidat a été adoubé par le tribunal de commerce de Grasse. L’instance des litiges commerciaux juge soutenable et convaincante le projet du nouveau gestionnaire, et sa proposition intéressante. Elle rappelle au passage, elle aussi, les solides garanties financières de Grand Casino de Dinant.

S’agissant notamment de ses garanties financières, le nouveau gestionnaire du casino municipal annonce faire un investissement de 2,3 millions d’euros sur les trois restants du contrat de concession. Un investissement important et réparti entre plusieurs besoins casino. Cela dit, 1,8 million d’euros seront réservés au ravitaillement en nouveaux équipements pour le casino. Il s’agit ici de l’achat de machines de jeux. Ensuite, un montant de 300 000 euros sera investi dans le bar et le restaurant du casino. Et enfin, 175 000 euros pour refaire l’ensemble de l’aménagement intérieur du casino.

La première adjointe au maire se montre particulièrement enthousiasmée par la proposition de Grand Casino de Dinant. Valérie Copin soutient que tous les investissements annoncés par le nouveau gestionnaire sont à faire sans tarder. Elle justifie une telle accélération par la vétusté complète de la totalité des équipements de casino. Valérie Copin fait particulièrement allusion ici à la climatisation, la cuisine, la sécurité électrique et bien d’autres. Il est également convenu que le nouveau gestionnaire procède au recrutement d’un personnel supplémentaire. Celui-ci devrait atteindre les 20-25 salariés contre juste une quinzaine auparavant.

Une relance prévue en mai 2024

L’année prochaine, notamment en mai, le casino municipal devrait rouvrir ses portes. C’est du moins ce qui est convenu (ou espéré) dans le planning. Un tel programme devrait normalement crédibiliser la proposition du nouveau gestionnaire et rassurer les élus de l’opposition. Mais rien n’y fait. Ceux-ci semblent ne s’en tenir qu’aux résultats, aux faits.

Faisant preuve de scepticisme, l’élue de l’opposition Magalie Conesa trouve que la proposition de Grand casino de Dinant semble invraisemblable, trop belle pour être vraie. Il n’est plus l’heure de se faire avoir par des offres qu’elle qualifie de fabuleuses. Magalie Conesa ajoute que le tribunal de commerce accorde beaucoup d’intérêt aux promesses d’investissement faites par le repreneur. Il les considère pour acquises, alors même que n’a été fourni en détail aucun budget prévisionnel portant sur les trois prochaines années à venir.

Pour finir l’élue Conesa rappelle ironiquement la célèbre allocution du président Jacques Chirac, s’agissant des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient. La date de mai prochain est donc retenue par la réouverture du casino municipal et se fait déjà attendre.