Le député indien Sushil Kumar Modi, lors d’une allocution au parlement, lance un appel au gouvernement pour que ce dernier procède à une réglementation de l’industrie des jeux de hasard en ligne en Inde. Il suggère surtout que soient introduites une limitation du temps de jeu passé en ligne ainsi qu’une limitation de la somme que les Indiens peuvent dépenser sur des jeux de hasard en ligne. Cet appel que lance Sushil Kumar Modi est fondé sur plusieurs constats concernant le comportement des joueurs indiens en matière de jeu d’argent en ligne.
Une volonté de préserver la jeunesse des problèmes de jeu
Lors de son allocution devant le parlement à New Delhi le 3 décembre 2021 dernier, le député Sushil Kumar Modi a jeté un pavé dans la mare. Sur la base de plusieurs constats alarmants selon lui, il lance un appel au gouvernement pour une réglementation nationale de l’industrie des jeux de hasard en ligne.
Il s’alarme notamment du nombre d’heures croissant que les joueurs indiens passent sur les jeux en ligne. C’est selon lui, il s’agit là d’une véritable addiction, car ce nombre est passé de 2,5 heures avant la crise sanitaire à 4 heures après l’avènement de cette crise. Il a aussi fait une prédiction sur la croissance exponentielle du nombre d’adeptes de ce divertissement. Pour lui, le chiffre de 4,3 millions de parieurs actuels pourrait passer à 6,57 millions d’ici à 2025. Il a par conséquent incriminé le faible niveau de régulation dans ce secteur, qu’il met d’ailleurs en parallèle avec l’absence de régulation de l’industrie de la cryptographie (les cryptomonnaies et consorts).
Le parlementaire a par ailleurs mis l’accent sur l’impact négatif de ces jeux sur la jeunesse du pays. Il illustre son propos par des chiffres qui prouvent que le téléchargement des applications de jeux en ligne a doublé depuis le début de la pandémie. Ils seraient passés de 1,8 milliard à 3 milliards en seulement 1 an.
Sushil Kumar Modi appelle donc le gouvernement à mettre sur pied un cadre de travail pour réfléchir sur une éventuelle régulation du secteur des jeux de hasard en ligne. Il a d’ailleurs profité de cette occasion pour proposer qu’une taxe uniforme soit introduite dans le secteur. Il pense que sans une régulation stricte, le nombre de jeunes susceptibles de développer une addiction aux jeux pourrait aller grandissant.
Une dénonciation du manque à gagner pour l’État
Il est estimé que d’ici 2025, en Inde, les jeux de hasard en ligne représenteraient un gigantesque marché de 340 millions d’euros. Avec une augmentation du temps de jeu avoisinant les 40 %, Sushil Kumar Modi craint que les joueurs et parieurs indiens en viennent à dépenser de plus en plus. Il s’est également penché sur le manque à gagner pour l’État. La plupart des opérateurs étant des expatriés, il a regretté que les bénéfices soient engrangés au détriment de l’État indien.
La Chine a récemment pris une décision conforme à cette position en limitant à trois heures par semaine le nombre d’heures à passer sur les jeux en ligne. La mesure visait, dans le même sens que l’argument du parlementaire indien, à réduire ou limiter les problèmes d’addiction au jeu. Mais a posteriori, cette mesure est un moyen pour les autorités chinoises d’avoir un minimum de contrôle sur la population et de réguler le secteur des jeux en ligne. En 2019, le gouvernement chinois annonçait déjà cette décision à travers certaines mesures drastiques concernant les mineurs :
- Temps de jeu en ligne limité à 1h30 par jour en semaine ;
- Temps de jeu en ligne limité à 3 heures par jour durant le weekend et les vacances scolaires ;
- Interdiction formelle de jouer en ligne entre 22 heures et 8 heures du matin.
En 2019, on se souvient que la Chine avait soutenu les Philippines dans leur projet d’éradiquer les jeux de hasard dans le pays. On est tenté de croire qu’elle n’attendait qu’un prétexte pour passer à la vitesse supérieure !
Les jeux de hasard en : une passion populaire en Inde, mais non réglementée
Les jeux de hasard en ligne constituent l’un des passe-temps favoris des Indiens. La passion de la population indienne pour le jeu remonte à plusieurs siècles. Le phénomène est tel que chaque État du pays dispose de sa propre réglementation en matière de jeux de hasard.
Mais les choses n’ont pas toujours été ainsi. À une certaine époque, la possession ou l’exploitation d’une salle de jeu était strictement interdite en Inde. Il s’agissait d’une infraction qui était passible d’un emprisonnement de trois mois et d’une amende de 200 roupies. Cette disposition était connue sous le nom de Public Gambling Act.
Cette loi répressive interdisait en plus la fréquentation physique de certaines salles de jeu. Celui qui passait outre s’exposait à payer 100 roupies d’amende ou à un emprisonnement de 1 mois. Les conceptions ont néanmoins beaucoup évolué depuis le temps, notamment dans le domaine du jeu en ligne. Cette dernière activité a connu une démocratisation fulgurante à la faveur de l’obsolescence du Public Gambling Act, mais aussi grâce au vide juridique qui existe sur cette activité.
En effet, aucune loi n’encadre les jeux de hasard en ligne dans ce pays. Si les casinos indiens n’ont pas la possibilité de promouvoir le jeu en ligne, les opérateurs étrangers en revanche peuvent le faire et accepter les joueurs indiens. La seule exigence qui leur est imposée (à ces opérateurs étrangers) est de payer les gains dans la monnaie locale.
En Inde, les marchés légaux de jeux en ligne se limitent à Doa, Daman, Nagaland et Sikkim. Mais l’offre y est assez restreinte. Nagaland par exemple ne propose que les jeux d’adresse en ligne tels que le Texas Hold’em ou le Blackjack. Les raisons qui incitent le gouvernement indien à assouplir les mesures concernant les jeux en ligne sont diverses. C’est d’abord un moyen de neutraliser les tentatives de corruption liées aux jeux d’argent. Ensuite, il souhaite lutter de cette façon contre le jeu illégal et rassurer les nombreux parieurs locaux. C’est enfin une stratégie pour contrer le blanchiment d’argent et les fraudes. Mais cette libéralisation a ses revers, ce que le député Sushil Kumar Modi relève pour appeler au contraire à plus de régulation de ce secteur.
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