La nouvelle fait la une de plusieurs médias depuis que le média britannique The Guardian a annoncé qu’il met un terme à la publicité sur les jeux d’argent dans les différents journaux du groupe. Fort du constat que les jeux d’argent ont un impact négatif sur des personnes souffrant d’addiction aux jeux d’argent, le groupe de médias a fait cette annonce dans son éditorial. Le groupe souhaite par cette attitude forte et radicale montrer la voie aux États sur l’urgence d’adopter des stratégies qui limiteront la trop grande influence de la publicité omniprésente sur les habitudes de consommation des populations à risque.
L’interdiction dans les faits
Le contexte qui caractérise cette interdiction de faire figurer de la publicité pour des jeux d’argent dans les colonnes de ses différents médias et l’un des plus troubles pour le monde des jeux d’argent. Plusieurs États ont annoncé vouloir prendre des mesures pour limiter la puissance de la publicité sur les paris sportifs, les casinos, les cartes à gratter, etc. Que ce soit en Espagne où l’État interdit les publicités privées sur les jeux d’argent dans les médias depuis 2021 ; l’Inde en avril 2023 a mis en place cette politique d’interdiction absolue sur tous les types de médias. De nombreux autres États comme l’Allemagne et la Russie viennent d’interdire partiellement les publicités sur les jeux d’argent dans les médias télévisés et sur internet. Il ne sera désormais possible d’en rencontrer qu’à la radio et pendant les heures de faible audience notamment entre 22h et 7h. La France quant à elle a interdit l’utilisation des vedettes des téléréalités et de sportifs dans les publicités à l’honneur des jeux d’argent.
The Guardian s’est donné pour mission d’accompagner ces efforts et de passer à l’acte, s’insurgeant contre le gouvernement britannique qui fait preuve de beaucoup de laxisme. Ainsi, depuis ce mois de juin, la publicité sur les jeux d’argent est interdite dans les trois principaux journaux écrits du groupe de médias qui sont Guardian, Observer et Guardian Weekly. Cette interdiction est aussi effective sur toutes les plateformes de diffusions de l’information de l’éditeur, notamment le site Web, l’application, l’audio, la vidéo et les newsletters du Guardian.
Les formes de jeux d’argent ciblées par cette interdiction sont les paris sportifs, les casinos en ligne et les cartes à gratter. Seules les loteries ne sont pas touchées par cette interdiction du fait de leurs différences aux autres types de jeux. En effet, la loterie a des avantages pour la société dans la mesure où elle permet de faire des collectes de fonds qui seront redistribués par tirages au sort pour de bonnes causes. Par ailleurs, des rapports indiquent que les loteries d’argent qui ne sont pas destinées aux œuvres caritatives causent le moins de dépendance aux jeux.
Les raisons à l’origine de l’interdiction
Au-delà des raisons déjà évoquées dans cet article, notamment la volonté de l’éditeur de médias de poursuivre la dynamique engagée dans certains états et de l’insuffler en Grande-Bretagne, l’interdiction de la publicité dans les médias du groupe The Guardian trouve aussi ses raisons ailleurs.
L’une des raisons évoquées dans l’éditorial du Guardian concerne les conséquences négatives que la publicité peut avoir sur les joueurs. Il s’agit ici des atteintes à la vie du joueur, car la publicité sur les jeux peut être à l’origine de la dépendance de certaines personnes aux jeux. Laquelle dépendance pourrait être la cause des problèmes financiers, des problèmes de santé mentale et des problèmes sociaux plus larges.
Par ailleurs, The Guardian justifie sa décision par son besoin de répondre aux plaintes de ses lecteurs. De fait d’après la rédactrice en chef de Guardian Australia, Lenore Taylor, les principales plaintes que recevait son équipe étaient liées aux publicités sur les jeux d’argent qui apparaissaient dans les colonnes du Guardian Australia. Plus encore, l’Australie est reconnue comme l’état qui enregistre le plus de perte d’argent dans les paris sportifs avec plus de 25 milliards de dollars de pertes annuelles. Il devenait donc urgent pour l’équipe du Guardian Australia de répondre aux doléances des abonnés qui sont la véritable force du journal d’après Lenore Taylor. Elle cite ses lecteurs en mentionnant le désamour de ces derniers pour les pages de sports entourées de publicité pour les paris sportifs.
En outre, d’après le Guardian post group l’interdiction pourra dans une certaine mesure impacter positivement les ressources financières des lecteurs et par conséquent de groupe de médias. Le fait est que les joueurs perdent beaucoup d’argent dans les paris, notamment des lecteurs qui ont été motivés par les publicités présentent dans les différentes plateformes du Guardian. Limiter l’accès à la publicité permettra donc aux lecteurs de mieux gérer leurs ressources et ceux-ci pourraient donc se plaire dans des activités autres que les jeux d’argent. La lecture prendrait une place de choix dans cette optique.
Aussi, le directeur commercial de Guardian Australia, Mason Rook, déclare que l’interdiction de la publicité pour les jeux d’argent donnera plus de place aux annonces publicitaires des entreprises ayant un impact social positif. Pour Mason Rook, cette différenciation dans le type de partenariat que l’entreprise continue a mené crée un environnement plus fiable pour les annonceurs avec lesquels The Guardian Media Group travaille. Il sera ainsi plus facile d’évaluer l’impact de cette publicité sur la société. Plus encore, les objectifs d’entreprises faisant partie des secteurs clés ciblés désormais par The Guardian Media Group, seront plus facilement atteints. Il s’agit des secteurs tels que les voitures hybrides, la banque et la finance, ainsi que le style de vie et le divertissement.
Les conséquences pour l’industrie du iGaming
La décision de The Guardian Media Group n’est pas sans conséquence pour le monde du jeu. En effet, les journaux de The Guardian Media Group font partie des titres les plus lus dans le monde, ceci est encore plus vrai en Grande-Bretagne et en Australie. Les annonceurs de jeux d’argent perdront ainsi un diffuseur de choix pour leurs offres. La portée de leurs annonces sera donc profondément limitée le temps de trouver des plateformes qui prendront le relai.
Toutefois, l’impact ne se fera pas réellement ressentir très longtemps si l’interdiction reste cantonnée à quelques médias même s’il s’agit de média de l’importance du Guardian. Seules une interdiction plus vaste impliquant plusieurs grands groupes médiatiques et une réglementation plus accrue interdisant la publicité de façon radicale impacteraient le développement exponentiel que connaissent les jeux d’argent ces dernières années.
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