La pandémie du covid-19 n’a décidément épargné personne. Au Cambodge, Nagaworld, la société de jeux de Phnom Penh a été obligée de procéder à des licenciements à la suite d’une baisse d’activité. La nouvelle n’a pas été très bien accueillie par les victimes qui ont dès lors décidé de revendiquer leur droit à travers des grèves et des manifestations. C’est ainsi que depuis avril dernier, ces manifestants (encouragés par la présidente du syndicat) organisent de manière régulière des rassemblements passifs. Seulement, la police locale s’en est mêlée et a à cet effet procédé à des arrestations multiples qui n’ont pas tardé d’attirer l’attention des organismes de protection des droits de l’homme.
Des dirigeants et des syndicalistes au cœur du mouvement de grève
À Phnom Penh la capitale du Cambodge, Nagaworld qui est une société de jeux, possède, exploite et gère à elle seule le complexe intégré local. Depuis le mois d’avril 2021, la société fait face à d’importantes manifestations. Celles-ci seraient liées à des licenciements qualifiés d’abusifs par les employés.
En effet, Nagaworld avait procédé à un renvoi d’un peu plus de 1 300 employés du fait de la crise sanitaire. Parmi ces personnes figuraient des syndicalistes et d’anciens représentants de la société. Pour ceux-ci, les raisons derrière ce licenciement abusif restent encore floues. D’autres cependant dénoncent le montant des compensations qui n’a pas été à la hauteur de leur attente malgré le bénéfice net de 102 millions réalisé par la société de jeux en 2020.
Actuellement, il y a encore 365 employés qui protestent contre leur licenciement. Il y a quelques jours de cela, ces derniers comme à leur habitude se sont rassemblés devant l’établissement pour revendiquer leur droit. Toutefois, c’est dans un calme apparent qu’ils ont décidé de se réunir et d’agir.
Il est important de préciser qu’une fois les manifestations engagées, une tentative de négociation avait été lancée et s’est conclue par un échec. Les instances négociatrices comprenaient le ministère du Travail et de la formation professionnelle, les employeurs, les employés concernés par le licenciement ainsi que les autorités locales.
Des arrestations en continu
Dans la nuit du 31 décembre dernier, la police de Phnom Penh a procédé aux premières arrestations. Au total, c’est 29 grévistes qui ont été réprimandés par les autorités locales. Jusqu’à présent, 9 d’entre eux dont 7 femmes et 2 hommes ont été inculpés et sont actuellement en détention.
Les arrestations se sont poursuivies entre le 3 et le 4 janvier et concernaient entre autres trois hauts placés du syndicat, dont Chhim Sithar qui en est sa présidente. Celle-ci est accusée d’encourager des manifestations jugées illégales par les autorités et lors des faits, elle se rendait au lieu de rassemblement.
Selon les experts de l’ONU, ces arrestations ont été effectuées de manière violente et semblent enfreindre les libertés d’expression, d’association et de réunion.
C’est une vidéo attestant que la police a fait usage de la force qui a attiré l’attention des organismes internationaux tels que l’ONU. Ses experts s’insurgent contre le mode opératoire de la police qui a attendu la nuit pour agir. Ceux-ci affirment à ce sujet qu’il s’agit d’une manière sournoise de réprimer les droits humains et d’empiéter sur les libertés fondamentales d’association et de réunion.
Pour justifier leur agissement, Sokseyha porte-parole de la police municipale a déclaré que les manifestations portaient atteinte à l’ordre public, à la sécurité et à la stabilité sociale. C’est pour cette raison que les policiers ont décidé d’intenter des actions contre les manifestants.
Il se peut également qu’entre le 30 et le 31 décembre, l’hôtel de ville ait ordonné au syndicat de mettre fin à sa grève. Cette ordonnance a été suivie de celle du ministère du Travail. Mais malgré les avertissements, les manifestations se sont poursuivies.
Concernant les neuf syndicalistes encore détenus par la police, Naly Pilorge directrice du LICADHO qui est le groupe local de défense des droits a demandé qu’ils soient immédiatement libérés. Pour elle, leur arrestation est scandaleuse, car les manifestations dont ils étaient à la tête étaient pacifiques. Elle a également précisé que la police devrait collaborer avec Nagaworld afin de trouver des solutions pour répondre aux attentes des syndicalistes.
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