Dans le but d’exprimer leur mal-être et de faire entendre leurs revendications, les employés de quelques casinos de l’entreprise d’État Loto-Québec ont déclenché il y a peu de temps une grève illimitée. Si la direction de l’entreprise est consciente du caractère fondé des raisons avancées par les grévistes, elle aurait cependant souhaité que seule la voie de la négociation soit privilégiée.
Des employés qui veulent également profiter des fruits de la croissance au même titre que les hauts responsables
Depuis le 15 juin dernier, près de 1 700 employés mécontents de la société d’État Loto-Québec ont décidé de se mettre en grève. Ces employés appartiennent tous à la Confédération des Syndicats Nationaux dont le sigle est CSN. Bien avant de mettre ce projet à exécution, ils avaient adopté un mandat de cinq jours de grève qu’ils prévoyaient d’utiliser au moment opportun. De nombreux spécialistes s’attendaient à ce que le mouvement soit mis en branle parallèlement au Grand Prix de Formule 1 du Canada. Le but de cette grève est d’obtenir une revalorisation des salaires sollicitée vainement afin de lutter contre l’inflation.
La société Loto-Québec a publié le 8 juin dernier d’excellents résultats pour son exercice financier 2022-2023. Ce résultat est le meilleur du secteur des casinos et des salons de jeux de toute l’histoire de cette entreprise à capitaux publics. Cette performance a permis à Kevin G. Taylor, le président exécutif, d’obtenir une augmentation salariale conséquente estimée à 34 % ; soit de 375 461 dollars canadiens à 504 498. Suivant cette logique, les employés grévistes souhaitent bénéficier également des fruits de cette croissance. Ils estiment en effet que si l’entreprise a enregistré des bénéfices records, il va de soi qu’ils peuvent en ressentir les effets dans leur bulletin de paie, d’autant plus que l’inflation galopante a tendance à appauvrir plus d’un.
Du côté du top management de Loto-Québec, on se dit prêt à négocier avec la CSN depuis très longtemps. Toutefois, l’entreprise rappelle qu’elle se contente de faire la même offre encore et encore depuis la fin du mois de février 2023. Le son de cloche est différent du côté des employés, ceux-ci estimant que la direction veut négocier de façon unilatérale, ce qui comporte quelques limites. Leur souhait est d’obtenir une augmentation de salaire équivalant à la hausse du coût de la vie, couplée à un dollar canadien supplémentaire de l’heure, en vue d’anticiper les effets de l’inflation qui se poursuit.
Des demandes irréalistes, selon le top management de la société Loto-Québec
Selon certaines analyses, cette revendication pourrait être bénéfique pour le pouvoir d’achat des employés ; en effet, l’attraction et la rétention des travailleurs seraient accrues, particulièrement en ce moment où un important roulement est perceptible. Cependant, en dépit de ce mouvement social, Loto-Québec a déclaré que l’ensemble des activités de ses casinos continue normalement. Seul le casino de Mont-Tremblant a dû fermer quelques heures afin d’organiser la reprise de ses opérations. La direction de l’entreprise ne cache toutefois pas sa déception quant à la décision de la CSN d’initier une grève sans préavis au lieu d’opter pour des négociations.
Le Grand Prix de Formule 1 du Canada 2023 s’est déroulé le 18 juin dernier sur le circuit Gilles-Villeneuve situé au cœur du parc Jean-Drapeau, sur l’île Notre-Dame. Vu la proximité du casino de Montréal, la société Loto-Québec envisageait d’attirer une partie des touristes venus pour assister à cet événement. Dans un communiqué publié le 23 juin, Loto-Québec a affirmé ne pas s’expliquer la décision du syndicat d’entamer une grève générale illimitée tandis que tous les éléments nécessaires en vue d’une entente sont disponibles et accessibles. Selon l’entreprise, une offre monétaire globale et généreuse est toujours présente sur la table de négociation ; elle propose des améliorations conséquentes sur les conditions de travail, tout en garantissant une gestion responsable des fonds publics.
Toujours selon le communiqué, le salon de jeux de Québec, le casino du Lac-Leamy et le salon de jeux de Trois-Rivières sont accessibles selon les horaires habituels. Il précise en outre que les croupiers des casinos de Charlevoix, du Lac-Leamy et de Montréal ne sont pas concernés par la grève. Le site de l’entreprise demeure aussi accessible, mais le centre d’appels n’est pas opérationnel durant la grève. Loto-Québec a par ailleurs déclaré que la valeur des demandes avancées par le CSN correspond à plus du double de ce qui a été consenti aux autres employés de l’organisation dans la dernière année. À titre de rappel, en 2022, sept autres conventions collectives touchant des travailleurs de même corps de métier ont été renouvelées, à la grande satisfaction des parties.
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