
Le gouvernement thaïlandais ajourne la discussion à propos d’un projet de loi controversé sur la légalisation des casinos. Prévu initialement en début mai, le débat recule à une date ultérieure en raison de multiples urgences nationales, dont une catastrophe naturelle récente et une crise économique alimentée par des sanctions commerciales américaines. La Première ministre Paetongtarn Shinawatra maintient sa volonté d’avancer sur le projet tout en promettant l’écoute des critiques. Le texte propose l’ouverture de complexes de divertissement, où les jeux d’argent occupent une faible part, avec des restrictions strictes pour les résidents thaïlandais. Malgré les précautions annoncées, des mouvements religieux, civiques et politiques dénoncent une menace pour l’ordre social, craignant une hausse des délits et des dérives financières. Des personnalités religieuses influentes, dont l’archevêque catholique de Bangkok, expriment également leur désaccord. En parallèle, des entreprises internationales du secteur des jeux manifestent un intérêt croissant, attirées par le potentiel touristique et économique du pays. Le gouvernement insiste sur les bénéfices escomptés, mais fait face à une opposition déterminée qui exige l’abandon total du projet. La Thaïlande se trouve ainsi à la croisée des chemins, entre ambitions économiques et préservation des valeurs traditionnelles.
Le Parlement thaïlandais suspend l’étude du projet de loi sur les jeux
Le gouvernement thaïlandais reporte le débat parlementaire sur un projet de loi controversé visant à légaliser les casinos dans le pays. Cette décision reflète une situation politique tendue, où les autorités doivent jongler entre les priorités nationales et la contestation croissante d’une partie de la population. Prévu initialement pour mercredi, le débat sur le projet de loi sur les entreprises de divertissement intégré se trouve repoussé à une date ultérieure. Ce report découle d’une volonté gouvernementale de traiter des urgences nationales, notamment les conséquences d’un récent séisme et l’impact économique d’un tarif douanier de 36 % imposé par les États-Unis sur les produits thaïlandais.
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra justifie ce report par la nécessité de se concentrer sur ces crises. Elle affirme clairement que le gouvernement ne retire pas le projet, mais qu’il reste attentif aux diverses opinions exprimées par la société civile et ses partenaires politiques. Cette déclaration démontre une stratégie d’apaisement face à une pression publique de plus en plus marquée. Le projet de loi, pourtant, reste très structuré, car il vise à permettre l’implantation de casinos dans des complexes de divertissement où les jeux d’argent ne représentent pas plus de 10 % de la superficie totale. Les mesures proposées incluent également des restrictions strictes à l’entrée pour les citoyens thaïlandais, comme la présentation de preuves de dépôts bancaires significatifs, dans le but de limiter le risque d’addiction au jeu.
Malgré cette approche encadrée, la contestation populaire ne faiblit pas. De nombreux groupes, issus d’horizons divers dont les associations religieuses, partis politiques, mouvements citoyens s’opposent farouchement à la légalisation du jeu. Les manifestations s’intensifient devant le parlement. Les manifestants exigent non seulement un report, mais un abandon total du projet. Les opposants soulèvent plusieurs arguments ils redoutent une explosion des cas de blanchiment d’argent, une détérioration du tissu social, et une aggravation des problèmes économiques dans les foyers les plus fragiles. Pour eux, l’introduction des casinos légaux ouvre la porte à une série de dérives dangereuses.
Le chef du parti conservateur Thai Pakdee, Warong Dechgitvigrom, s’impose comme une figure majeure de cette opposition. Il déclare que son mouvement est prêt à agir fermement si le gouvernement ne retire pas le texte. Cette posture reflète une détermination profonde à bloquer toute tentative de légalisation, perçue comme une menace directe à l’éthique nationale. Plusieurs figures religieuses, dont l’archevêque catholique de Bangkok, Francis Xavier Vira Arpondratana, expriment également leur inquiétude. Il insiste sur les dangers sociaux que pose le jeu d’argent, tout en soutenant le développement d’autres formes de divertissement, plus inclusives et moins problématiques pour la société.
Ce rejet généralisé ne repose pas uniquement sur des considérations religieuses ou morales. Des experts évoquent aussi les répercussions économiques à long terme. Ils rappellent que, dans d’autres pays, la légalisation des casinos a souvent conduit à une augmentation de la dette personnelle, à des conflits familiaux et à une dépendance accrue à des revenus incertains liés aux jeux. En Thaïlande, un tel phénomène risquerait de frapper durement les populations rurales et urbaines déjà vulnérables, creusant encore davantage les inégalités sociales.
Par ailleurs, certains détracteurs soulignent que l’État peut perdre le contrôle des flux financiers générés par les jeux d’argent. Même encadrés, les casinos peuvent devenir des foyers de corruption, de collusion et de trafic, surtout si les mécanismes de régulation ne sont pas strictement appliqués. Ils alertent aussi sur le danger d’un message contradictoire envoyé à la jeunesse. Pour eux, promouvoir le jeu tout en prétendant protéger les citoyens fragiles peut s’avérer contre-productif.
Dans ce contexte, le gouvernement thaïlandais se trouve face à un dilemme majeur. D’un côté, il cherche à dynamiser l’économie par le développement d’un nouveau secteur potentiellement lucratif. De l’autre, il doit composer avec une société qui perçoit les casinos comme une menace culturelle et sociale. La tension entre ces deux logiques rend toute avancée législative extrêmement délicate.
Le report du débat illustre cette impasse. Il ne s’agit pas d’un simple ajournement technique, mais bien d’un signal politique fort. En suspendant temporairement le processus législatif, les autorités tentent de calmer les esprits et de désamorcer les conflits. Cependant, tant que les inquiétudes profondes de la population ne sont pas adressées de manière transparente et participative, la question du jeu légal reste une source de division.
Le débat autour des casinos en Thaïlande dépasse largement la question du jeu lui-même. Il révèle des tensions profondes entre modernisation économique et protection des valeurs sociales. Il interpelle sur les priorités d’un État en quête de croissance, mais confronté à une population méfiante.
La Thaïlande mise sur les casinos pour stimuler son économie et attirer les investisseurs étrangers
La Thaïlande envisage une réforme majeure en légalisant les casinos dans des complexes de divertissement bien encadrés. Le gouvernement met en avant des retombées économiques considérables. Il affirme que chaque complexe peut attirer environ 100 milliards de bahts, soit environ 2 691 865 000 euros d’investissement direct. Cette somme représente une contribution massive à l’économie nationale. En parallèle, la création de 20 000 emplois par complexe peut renforcer l’emploi local et réduire le chômage.
Les partisans de cette légalisation insistent sur l’impact positif sur le tourisme international. Ils estiment que les dépenses des touristes étrangers augmentent de 40 % dans les pays où les casinos sont autorisés. Cet afflux de devises contribue directement au produit intérieur brut de la Thaïlande. Le pays, déjà reconnu comme une destination touristique de premier plan, possède un climat, une culture et une gastronomie qui séduisent les visiteurs du monde entier. À cela s’ajoute la légalisation récente du cannabis et du mariage pour les couples de même sexe, deux mesures qui accroissent l’image progressiste du pays.
Des groupes internationaux de jeux comme Galaxy Entertainment Group, MGM Resorts International, Las Vegas Sands ou encore Melco Resorts manifestent un vif intérêt pour le marché thaïlandais. Ces entreprises voient la Thaïlande comme une alternative stratégique à Macao, où l’environnement réglementaire devient plus complexe. Elles cherchent également à capter une part d’un marché touristique asiatique en pleine expansion. Leur présence potentielle renforce la crédibilité du projet et rassure les investisseurs.
Le gouvernement, pour sa part, tient à rassurer face aux inquiétudes des opposants. Il affirme que les casinos ne représentent qu’une infime portion des complexes de divertissement. La Première ministre Shinawatra déclare que seule une zone limitée, soit 10 %, sera dédiée aux jeux d’argent. Il précise que la Thaïlande n’a pas vocation à devenir un territoire couvert de casinos. L’implantation se fait uniquement dans des zones touristiques précises comme Bangkok, Chiang Mai ou Phuket.
L’État s’engage également dans une campagne d’information auprès de la population. Il entend dialoguer avec les groupes d’opposition et les citoyens inquiets. Le but est d’expliquer que le projet dépasse le simple cadre du jeu. Il comprend des hôtels, des salles de conférence, des centres commerciaux et des zones culturelles.
Cependant, certaines voix s’élèvent contre une possible concentration des bénéfices entre les mains de grandes entreprises. Ces critiques soulignent que les multinationales du jeu captent souvent la majorité des revenus, laissant peu de place aux petites et moyennes entreprises locales. Elles craignent également que l’économie informelle et les communautés rurales n’en tirent aucun bénéfice tangible. Le débat met donc en lumière les fractures socio-économiques du pays.
D’un point de vue législatif, le projet connaît un retard dans le calendrier parlementaire. Ce décalage reflète les tensions entre deux visions opposées de la société thaïlandaise. D’un côté, les défenseurs du développement économique souhaitent accélérer l’adoption de la loi. De l’autre, les détracteurs demandent plus de garanties sociales, de transparence et de mécanismes de prévention contre l’addiction au jeu.
Le gouvernement reste cependant déterminé à faire avancer le projet. Il veut trouver un équilibre entre le potentiel économique d’une telle industrie et les préoccupations sociales bien réelles. Le texte devrait revenir au débat lors de la prochaine session parlementaire. Les enjeux sont multiples, il est question de relancer l’économie post-pandémie, attirer les capitaux étrangers, dynamiser le tourisme, mais aussi éviter un modèle de développement déséquilibré.
Au cœur de cette réforme, la Thaïlande cherche à tracer une nouvelle voie. Elle tente d’intégrer les jeux d’argent dans une stratégie de croissance maîtrisée. Elle veut se positionner comme un acteur compétitif sur la scène touristique asiatique. Elle veut aussi démontrer qu’un pays peut encadrer strictement les casinos tout en profitant de leurs avantages économiques. Le succès de cette politique dépend de sa mise en œuvre, de la régulation appliquée, et de la capacité du gouvernement à inclure toutes les parties prenantes.
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